
Comme le groupe anglais Austin-Rover moribond avait servi de cheval de Troie à l'industrie auto japonaise au début des années 80, le suédois Volvo Cars ouvre ses usines en grand aux produits chinois. Propriété du groupe de l'empire du Milieu Geely depuis 2010, la firme de Göteborg va produire fin 2019 sur son site belge de Gand les modèles de Lynk & Co, le nouveau label de son actionnaire. Volvo l'a annoncé ce lundi. "En mettant à disposition de Lynk & Co la capacité de production de son unité de Gand, Volvo Cars soutient le développement du nouveau constructeur en Europe", souligne le communiqué très "collabo" du suédois. Il est vrai qu'il n'a pas le choix.
Des voitures chinoises à technologie suédoise
Dans les années 2000, les Chinois avaient essayé de se lancer en Europe. Mais leurs véhicules peu fiables, mal finis et inaptes à passer les crash-tests, n'ont finalement pas été commercialisés. Chery avait récidivé au début de la présente décennie à travers une co-entreprise avec un fonds d'investissement israélien, avec un nouveau label Qoros. Plusieurs spécialistes européens avaient été débauchés dans les grandes firmes, notamment allemandes. Las. Malgré des milliards d'investissements, le label n'a finalement pas été lancé sur le Vieux continent. En s'appuyant sur Volvo, Geely a cette fois plus de potentiel… Même si imposer une marque inconnue relève de la gageure. On voit le mal qu'a Nissan pour faire connaître sa marque de luxe Infiniti, malgré une excellente réputation de qualité.
Volvo avait acquis 30% de Lynk & Co l'an dernier et il a fourni toute sa technique à ce label chinois, qui reprendra la plate-forme du nouveau Volvo XC40 ainsi que les moteurs tricylindres que le suédois doit commercialiser ce printemps. Gand produit des Volvo depuis 1965, dont le dernier XC40 et le prochain break V60. C'est l'une des deux unités de production de Volvo en Europe, l'autre étant située à Göteborg.
Li Shufu, le prédateur de l'auto européenne
Li Shufu, patron fondateur de Geely, veut se construire un empire automobile, avec une obstination qui égale sa discrétion. Ce milliardaire de 54 ans, fils de riziculteurs pauvres, ne se contente pas d'imposer la marque de Geely. Au-delà de la possession de Volvo, il a amassé des actions de l'allemand Daimler sans avertir personne. Et le voilà devenu en février dernier, à la surprise générale, le premier actionnaire du groupe allemand, en montant à hauteur de 9,69%. Moyennant 7,5 milliards d'euros. Il veut ainsi compléter sa panoplie et accéder aux technologies du propriétaire des prestigieuses voitures Mercedes mais aussi des non moins célèbres camions de la firme à l'étoile.
Daimler est le numéro un du haut de gamme auto et le premier fabricant mondial de poids-lourds. Une belle prise. Depuis avril 2010, l'Allemand est par ailleurs lié à l'Alliance Renault-Nissan (et désormais Mitsubishi Motors). Renault (actionnaire de Challenges) est actionnaire à hauteur de 1,55% du groupe allemand. Nissan en détient également 1,55%. Daimler possède à son tour 3,1% de Renault comme de Nissan.
Le vorace milliardaire est actionnaire d'AB Volvo
Le 50ème homme le plus riche de Chine est aussi actionnaire du constructeur britannique de voitures de sport Lotus, du constructeur malaisien Proton. Mais ce ne sont que des broutilles. Hors Volvo Cars et sa participation dans Daimler, Li Shufu est surtout actionnaire des poids lourds AB Volvo. Attention: ne pas confondre AB Volvo, producteur de poids-lourds et engins de BTP indépendant, avec Volvo Cars, constructeur de voitures particulières! Les deux sociétés sont séparées depuis 1999, date à laquelle le groupe suédois s'était scindé en deux.
Li Shufu détient aujourd'hui 8,2% du capital d'AB Volvo et 15,6% des droits de vote. Une transaction estimée à 2,75 milliards d'euros. Le groupe de l'empire du Milieu Geely est du coup le deuxième plus gros détenteur de droits de vote d'AB Volvo, derrière le fonds Industrivarden. Or, AB Volvo (propriétaire à 100% de Renault Trucks, l'ex-activité camions de Renault) est le numéro deux mondial du camion.... derrière Daimler. Gare aux abus de position dominante!
Basé à Hangzhou (est de la Chine), Geely est pour sa part le septième constructeur automobile de Chine, avec 1,3 million de véhicules, de conception et qualité médiocres, écoulés dans le pays en 2017, selon la fédération automobile nationale CAAM. Fondé en 1986, c'est le principal groupe automobile chinois à capitaux privés. Geely n'exporte quasiment pas. Geely Automobile Holdings a vu son bénéfice net bondir à quelque 10,6 milliards de yuans l'an dernier (1,36 milliard d'euros). Dans le même temps, son chiffre d'affaires s'envolait de 73% à 93 milliards de yuans (12 milliards d'euros).
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