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Les libéraux disent non à des audiences spéciales sur Trans Mountain

Les Canadiens sont peut-être désormais propriétaires de l’oléoduc Trans Mountain, mais le gouvernement libéral a refusé mardi les demandes de l’opposition de tenir des audiences spéciales pour expliquer l’impact d’une récente décision judiciaire bloquant son expansion prévue.

« C’est une décision de 275 pages. On l’a eue jeudi dernier, ça fait cinq jours. C’est de l’information qu’on doit revoir. Toutes les options sont sur la table sur comment mettre de l’avant ce projet », a expliqué le libéral Paul Lefebvre, secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles.

Le Parlement est encore en relâche estivale, mais l’opposition conservatrice voulait forcer la tenue de réunions d’urgence du comité permanent des ressources naturelles pour discuter de la récente décision de la Cour d’appel fédérale. Les conservateurs demandaient que le ministre des Ressources naturelles et des Finances comparaissent chacun pendant une heure pour exposer les conséquences de ce jugement. Les députés libéraux, majoritaires sur le comité, ont frustré cette ambition à laquelle se ralliait le NPD.

Ottawa est devenu propriétaire cet été de l’actuel oléoduc Trans Mountain, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, au coût de 4,5 milliards de dollars. Puisque le projet était désormais jugé trop risqué par les investisseurs privés, il s’est engagé à lui-même dédoubler ce pipeline dans l’espoir de le revendre une fois les travaux complétés. Les travaux d’expansion devaient porter la facture totale à 7,4 milliards de dollars, quoiqu’une évaluation récente faite par Kinder Morgan à ses actionnaires parle désormais de 9,3 milliards.

L’opposition s’est insurgée du manque de transparence des libéraux. « Nous avons réussi à lire la décision au cours des derniers jours et quand vous la lisez, c’est très clair », a plaidé le porte-parole néo-démocrate en matière de Ressources naturelles, Richard Cannings. La tâche n’est-elle pas un peu plus compliquée lorsqu’on est au gouvernement ? « Ça prend peut-être un peu plus de temps d’en arriver à un échéancier exact sur ce qui doit être fait, où et quand, mais ils pourraient nous indiquer ce qu’ils ont besoin de faire. »

« Il est scandaleux qu’ils n’aient pas déjà annoncé un plan, a renchéri la conservatrice Shannon Stubbs. N’étaient-ils pas prêts en vue de l’une ou l’autre des issues possibles de cette cause ? » La Cour d’appel fédérale a tranché qu’Ottawa avait erré en approuvant l’expansion du pipeline alors que l’évaluation du projet ne prenait pas en considération l’impact qu’aurait l’augmentation du trafic maritime en découlant sur la population d’épaulards du sud, une espèce en voie de disparition. Le tribunal a aussi dit qu’Ottawa ne s’était pas acquitté pleinement de son obligation de consulter les autochtones.

Sur le fond de la question, le NPD demande à Ottawa d’annuler l’acquisition de Trans Mountain et d’investir dans les énergies propres. Le chef Jagmeet Singh a indiqué mardi qu’il ne réclamait pas pour autant la fin de l’exploitation des sables bitumineux. « Ce n’est pas le cas, pas du tout. » À l’élection de 2015, une candidate-vedette néo-démocrate, Linda McQuaig, avait provoqué une tempête en suggérant que « beaucoup de sable bitumineux devrait peut-être rester dans le sol ».

Le Parti conservateur demande au contraire que l’expansion du pipeline aille de l’avant afin de créer des emplois et d’obtenir un meilleur prix sur les marchés étrangers pour le pétrole canadien. Mme Stubbs a indiqué que son parti « ferait tout » pour aider le gouvernement à adopter un projet de loi allant en ce sens.

Esbroufe albertaine

En réponse au jugement de la Cour d’appel fédérale, le gouvernement de l’Alberta a annoncé qu’il se retirait du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Le premier ministre Justin Trudeau avait souvent présenté l’approbation de l’expansion de Kinder Morgan comme une condition pour rallier l’Alberta à son plan. Dans la réalité, ce retrait n’aura aucun impact pour au moins 28 mois.

En effet, le cadre fédéral se veut un plan B imposé uniquement aux provinces n’ayant pas mis en place leur propre tarification du carbone. Il consiste en une taxe de 20 $ la tonne d’émissions à compter de 2019, montant devant augmenter de 10 $ par année pour atteindre 50 $ la tonne en 2022. Or, l’Alberta impose déjà une taxe de 30 $, que la ministre de l’Environnement, Shannon Phillips, s’était engagée en décembre dernier à augmenter à 40 $ le 1er janvier 2021 pour l’arrimer à celle d’Ottawa. Cette taxe n’est pas remise en question par le retrait albertain, seulement son arrimage à compter de 2021. Cet arrimage était déjà loin d’être garanti. L’Alberta ira aux urnes ce printemps et le conservateur Jason Kenney est donné grand favori. M. Kenney s’est engagé à abolir la taxe sur le carbone dans les premiers jours de son mandat, un peu comme Doug Ford en Ontario a retiré sa province du système de plafonds et d’échange cet été.

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https://www.ledevoir.com/politique/canada/535967/trans-mountain-reunion-d-urgence-d-un-comite-de-parlementaires-a-ottawa

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