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Carlos Ghosn: ces arrestations de patrons qui ont marqué les esprits

Le patron de Renault-Nissan-Mitsubishi n'est pas le premier chef d'entreprise à avoir maille à partir avec la justice.

«Carlos Ghosn fauché au sommet de sa gloire», «L'icône déboulonnée», «La chute de l'empereur Carlos Ghosn»... les titres de journaux sont unanimes. Dans la stupéfaction générale, l'un des plus grands patrons de notre époque est tombé brutalement de son piédestal industriel dans les tréfonds de la justice nippone. Le patron de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est soupçonné de fraude fiscale. Selon le procureur du bureau de Tokyo, l'homme d'affaires aurait sous-évalué de moitié sa rémunération annuelle, de 5 milliards de yens (38 millions d'euros), entre 2011 et 2015. Une violation de la loi qui régit la transparence des sociétés cotées. Que Carlos Ghosn soit coupable ou non, son arrestation montre qu'aucun puissant, aussi haut soit-il, n'est intouchable. Pas plus dans le monde politique que dans les sphères économiques. Voici pour rappel cinq inculpations ou arrestations spectaculaires intervenues ces dernières années.

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● Lafarge et l'État islamique

La décision avait été historique. Rares sont les entreprises françaises poursuivies par la justice pour leurs activités à l'étranger. Lafarge en fait partie, pour une affaire hautement géopolitique. Fusionné en 2015 avec son concurrent suisse Holcim, le cimentier a été mis en examen pour «complicité de crimes contre l'humanité» sur la base de soupçons de collaboration et financement de groupes armés, dont l'État islamique, dans le but de maintenir son activité en Syrie entre 2012 et 2014. Dans le cadre de cette enquête, de hauts responsables de Lafarge avaient été placés en garde à vue, tandis que des perquisitions avaient lieu à leur domicile et à leur bureau pour connaître leur degré de connaissance, d'implication et donc de responsabilité. Parmi eux, l'ex-PDG Bruno Lafont, l'ex-directeur général Éric Olsen, ainsi que l'ancien directeur général adjoint opérationnel, Christian Herrault. Les trois patrons avaient néanmoins bénéficié d'un traitement judiciaire français. Arrêtés par la police, ils avaient été entendus dans les locaux de la douane judiciaire (SNDJ) à Ivry-sur-Seine, cependant que deux anciens directeurs de la filiale syrienne avaient été mis en examen pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «financement d'une entreprise terroriste».

● Le patron de Rosbank inculpé pour corruption

Extrait des images diffusées par le ministère de l'Intérieur russe.
Extrait des images diffusées par le ministère de l'Intérieur russe. ///

L'affaire remonte à 2013, en Russie, mais ses remous ont longtemps provoqué des écumes dans la presse. Il faut dire que les images diffusées étaient spectaculaires, quoique possiblement truquées. Vladimir Golubkov, le directeur général de Rosbank, la filiale russe de la Société Générale, avait été «formellement inculpé pour corruption à la suite de son arrestation», selon les termes de l'agence Reuters. Le patron risquait jusqu'à sept ans de prison. Son accusateur, le ministère de l'Intérieur russe, avait diffusé une vidéo de lui assis devant un bureau encombré d'une pile de billets. Les enquêteurs étaient même allés jusqu'à préciser que ces piles de billets de 5000 roubles représentaient un montant total de cinq millions, soit environ 120.000 euros. Une belle somme, obtenue illégalement pour son enrichissement personnel selon l'État russe. Dans la foulée, la vice-présidente de Rosbank, Tamara Polianitsina, avait elle aussi été arrêtée. L'homme d'affaires avait dû attendre 24 heures après son arrestation pour être conduit devant un juge, tandis que son avocat se plaignait de conditions de détention «dégradantes». Le dossier avait finalement été clos fin 2015 pour absence de fait constituant un délit.

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● La saga allemande du Dieselgate

En l'Allemagne, le célèbre Dieselgate est certainement l'une des affaires économiques les plus marquantes de ces dernières années, toujours en cours. L'«Autoland Deutschland» a vu ses constructeurs automobiles réputés pour leur fiabilité être accusés les uns après les autres d'avoir truqué leurs moteurs. Une épidémie industrielle de grande ampleur qui révélait la falsification des tests antipollution, précipitant du même coup la perte de popularité du diesel chez les consommateurs. À mesure qu'il gagnait en ampleur, le scandale a entraîné la chute de plusieurs patrons. Le premier d'entre eux, Martin Winterkorn, PDG de Volkswagen, avait dû démissionner en 2015, après huit ans de règne, tandis que la justice le suspectait d'avoir masqué ces agissements techniques, tout comme son successeur Martin Müller, et Hans Diter Pötsch à la tête du conseil de surveillance. Dernier en date à avoir subi ce renversement inédit, le patron d'Audi, mis en cause pour fraude, arrêté et incarcéré pour «risque de dissimulation de preuve». Quelques mois plus tôt, un dirigeant de Porsche, Jörg Kerner, s'était lui aussi retrouvé sous les verrous de la détention provisoire pour ses anciennes responsabilités chez Audi.

● Le patron d'Unibet arrêté à l'aéroport

«Outré par le mépris total de la France vis-à-vis de la réglementation européenne»

L'arrestation du patron d'Unibet en 2007 ressemble sensiblement à celle de Carlos Ghosn, «cueilli» à sa descente d'avion, sur le tarmac de l'aéroport de Tokyo. Pour Petter Nylander, alors PDG de l'entreprise suédoise de paris sportifs Unibet, l'arrestation s'est faite dans les couloirs de l'aéroport d'Amsterdam, alors qu'il s'apprêtait à s'envoler pour Londres. Sous le coup d'un mandat d'arrestation européen lancé par la France, il s'était vu accuser d'infraction au monopole français sur le jeu, à la suite d'une plainte déposée par la Française des Jeux et le PMU. Jugée cavalière par la Commission Européenne, hostile à la situation de monopole des jeux français, la démarche avait également déplu à Unibet, «outré par le mépris total de la France vis-à-vis de la réglementation européenne». La France avait pourtant agi dans les règles. Petter Nylander avait reçu une convocation de la brigade des jeux quelques mois avant, mais avait refusé de s'y rendre, estimant agir en conformité avec le droit européen. Son avocat avait proposé une rencontre à Londres, son lieu de résidence, qui était restée sans réponse selon Unibet. Dans la foulée de cette affaire, la France avait finalement cédé à la réglementation européenne et accepté d'ouvrir le marché des paris sportifs. Petter Nylander, quant à lui, avait simplement servi de témoin.

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● Au Maroc, Taoufik Bouachrine menotté sur son lieu de travail

Digne d'un cauchemar. En voilà un qui a vu son destin soudainement basculer, et pour longtemps, lorsqu'un beau jour une vingtaine de policiers débarque dans les locaux du journal qu'il dirige. Ordre est donné au personnel sur place de ne pas utiliser de téléphone. Menotté, Taoufik Bouachrine est alors emmené, sans explication. Cette fois-ci, l'arrestation n'a aucun rapport avec les activités professionnelles du prévenu, bien que l'interpellation ait eu lieu sur son lieu de travail. Le directeur du quotidien indépendant marocain Akhbar al-Youme est accusé de «traite d'êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles» et «viol et tentative de viol» par la cour d'appel de Casablanca sur la base de deux plaintes, trois témoignages à charge et 50 vidéos saisies dans le bureau du journaliste. Au terme d'un procès mouvementé qui divise encore l'opinion du pays, le patron de presse a finalement été condamné début novembre à douze ans de prison ferme.

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