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Des bonis «parallèles» chez Hydro-Québec

(QUÉBEC) Un rapport de vérification interne d'Hydro-Québec, déposé en octobre au conseil d'administration, dénonce un système parallèle de rémunération au sein de la société d'État, des primes versées à près de 100 personnes, des décisions arbitraires qui ne respectent pas les politiques générales du gouvernement.

Selon les informations obtenues par La Presse, l'ancien patron de la Sûreté du Québec (SQ) Mario Laprise, devenu vérificateur interne chez Hydro-Québec, a déposé son audit il y a deux mois. L'enquête démontre que la direction d'Éric Martel a accepté de verser des bonis pour retenir certains dirigeants, d'autres pour convaincre des candidats de signer leur contrat. Dans un cas, Hydro a accordé un boni de 20 000 $, dès son arrivée, à un employé qu'on voulait attirer. D'autres employés qui s'occupent du placement pour la caisse de retraite ont aussi eu droit à des avantages pécuniaires.

Tous ces gestes ont été faits en contravention avec la politique gouvernementale en matière de rémunération variable et de bonis - les justifications de ces avantages attribués sur une base arbitraire n'ont jamais été communiquées au gouvernement.

À l'interne, chez Hydro, on souligne qu'il s'agit d'« erreurs d'interprétation » de la politique, que la pratique est bien antérieure à l'arrivée d'Éric Martel à la barre de la société et, enfin, que des correctifs seront apportés.

Le rapport de M. Laprise ne contient pas, semble-t-il, de chiffres quant au coût global de cette politique de rémunération, mais on précise que près de 100 cadres en ont profité. Le rapport aura des suites et a été transmis à la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.

Dans une lettre à la responsable des emplois supérieurs à Québec, le 2 novembre, l'ex-président du conseil d'administration de la société d'État, Michael Penner, rappelait avoir expliqué la situation le 27 octobre, au nom des membres indépendants du conseil.

Le rapport du vérificateur interne « constatait des pratiques contrevenant directement à la politique de rémunération incitative [d'Hydro-Québec] et au décret gouvernemental adopté à cet effet, ce que le conseil d'administration ignorait », relève la lettre obtenue par La Presse.

Survenue en même temps que celle de M. Penner, la démission de la vice-présidente du conseil d'administration, Michelle Cormier, est liée à ce double système de rémunération. Responsable du comité de vérification du conseil, Mme Cormier avait jugé intolérable qu'on lui ait caché l'existence de ce stratagème inacceptable du point de vue de la bonne gestion.

La politique de rémunération variable ne peut être appliquée par le système général de paie. À la société d'État, les communications confirment, laconiques : « Hydro-Québec a deux systèmes de paie depuis la fin des années 90. Un premier système qui permet le traitement de la paie de la majorité de nos 20 000 employés. Un deuxième système pour le traitement manuel de la paie des employés ayant des conditions contractuelles particulières. »

DEUX CADRES SUR LA TOUCHE

Ce n'est pas le seul problème auquel fait face actuellement le président Éric Martel. Au moment de la démission de Michael Penner, La Presse avait révélé que deux cadres supérieurs d'Hydro-Québec étaient sur la touche, l'un pour des allégations d'inconduite sexuelle, l'autre pour des plaintes de harcèlement psychologique.

M. Martel, dans le cadre d'une enquête menée sur un autre sujet, a dû reconnaître avoir manqué de transparence pour avoir caché qu'un haut dirigeant promu sous son administration avait eu des gestes inconvenants à l'endroit d'employées. Cet aveu apparaît dans un rapport soumis au conseil d'administration. Il ne s'agit pas d'attouchements, encore moins d'agression - la relation était consensuelle -, mais de manoeuvres de séduction inconvenantes pour un patron, même à l'endroit d'une employée qui ne relevait pas de lui. Surtout, c'était contraire à la politique de tolérance zéro du gouvernement en cette matière.

M. Martel avait longtemps tenté de régler cette affaire discrètement, à l'amiable, même si le cadre avait, d'emblée, offert sa démission. Sans être suspendu, le cadre est chez lui depuis quelques semaines, réputé faire du télétravail. Le rapport de l'ex-juge Pierrette Rayle a « révélé que M. Martel a manqué de transparence à l'égard du conseil d'administration relativement à la conduite répréhensible d'un membre du comité de direction », indique la lettre du 2 novembre.

Dans un autre cas, une suspension a été décrétée formellement. En octobre, la direction d'Hydro relevait de ses fonctions, avec solde, un vice-président, le temps qu'une enquête soit menée sur des allégations de harcèlement psychologique, à la suite de plaintes formulées par une demi-douzaine d'employés.

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