Le ministre saoudien de l'Énergie Khaled al-Faleh a annoncé dimanche que son pays allait réduire ses exportations de pétrole, au moment où la dégringolade des prix de l'or noir fait craindre un effondrement des cours comme en 2014.
« Les exportations de brut du royaume (saoudien) pour décembre seront de 500 000 barils par jour (bpj) moins élevées qu'en novembre », a indiqué à la presse M. Faleh qui s'exprimait lors d'une réunion à Abou Dhabi de pays membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et non membres du cartel.
Il a en revanche précisé qu'il n'y avait « pas encore de consensus » entre grands pays producteurs de pétrole pour réduire la production de brut d'un commun accord.
Riyad avait précédemment augmenté sa production, passant de 9,9 millions de bpj en mai à 10,7 millions bpj en octobre. Environ deux-tiers du brut saoudien sont destinés à l'exportation.
Aucune décision commune de réduction de production ne devrait être prise à Abou Dhabi, ont affirmé plusieurs ministres, selon qui des recommandations devraient être émises avant une réunion plénière de l'OPEP prévue en décembre à Vienne.
Depuis décembre 2016, les pays de l'OPEP, menés par l'Arabie saoudite, et d'autres producteurs non membres du cartel, dont la Russie, appliquaient un accord de réduction de la production d'or noir.
« Il est prématuré de parler d'action spécifique », a dit lui-même Khaled al-Faleh, en réponse à une question sur la possibilité d'une réduction de la production pour enrayer la baisse des prix. « Nous devons étudier tous les facteurs. »
Le « bon » équilibre
De son côté, son homologue russe Alexandre Novak a déclaré qu'il fallait « désormais analyser la situation sur le marché en profondeur, analyser la mise en oeuvre de l'accord (en vigueur). Il a exhorté à la prudence avant de » décider ce qu'il faudra faire ensuite afin de poursuivre la coopération en faveur de la stabilisation du marché « .
Pris en étau entre un bond de la production chez quelques grands pays producteurs et la crainte d'une baisse de la demande, les cours du pétrole ont chuté de près de 20 % en un mois, après avoir pourtant culminé début octobre à leur plus haut niveau depuis quatre ans.
Le prix du baril de Brent est passé vendredi sous la barre des 70 dollars pour la première fois depuis avril, et celui du baril new-yorkais WTI sous les 60 dollars, en baisse pour le neuvième mois consécutif.
M. Faleh a dit lui-même dimanche que la chute des cours » nous a surpris «, ajoutant que le marché était passé d'un sentiment de crainte de pénuries à celui d'inquiétude sur une surabondance de l'offre.
Son homologue émirati Suheil al-Mazrouei a souligné que l'objectif du groupement des pays OPEP/non-OPEP était de trouver le bon équilibre pour le marché.
Malgré des signes de ralentissement de la demande, l'Arabie saoudite, la Russie, le Koweït et l'Irak ont récemment augmenté leur production de brut, et les États-Unis celle de pétrole de schiste.
« Respect de l'accord à 100 % »
La récente diminution des prix de pétrole est notamment le résultat d'une demande en baisse de la Chine, le plus grand importateur, qui connaît un ralentissement de sa croissance, a souligné Cailin Birch, analyste à l'Economist Intelligence Unit.
D'autre part, les sanctions américaines contre l'Iran, qui menaçaient de faire baisser l'offre mondiale et de faire grimper les prix, se sont avérées moins sévères que prévu.
Dans la perspective des sanctions américaines, Moscou et Riyad, deux des trois plus grands producteurs mondiaux, avaient amendé en juin leur accord de limitation de la production afin de pouvoir extraire plus de brut et compenser une baisse des exportations iraniennes.
Selon Fawad Razaqzada, analyste pour Forex.com, les responsables doivent discuter probablement « de la nécessité d'un retour à un respect de l'accord à 100 % », après la décision de Washington d'accorder des exemptions à huit importateurs de pétrole iranien.
« Les prix sont en baisse alors que la production des grands producteurs, comme l'Arabie saoudite, la Russie et les États-Unis continue d'augmenter, dépassant les quantités de barils iraniens perdus », a-t-il expliqué.
Si les producteurs « échouent à montrer leur intention d'inverser la dernière hausse de la production, les prix du pétrole risquent de plonger davantage », ont prévenu vendredi des analystes de Commerzbank.
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