Le ministre de l'Économie a redit ce mercredi son «attachement» à l'alliance entre Renault et Nissan, alors que le constructeur japonais devrait évincer jeudi Carlos Ghosn, accusé de fraude, de ses fonctions de président du conseil d'administration. La garde à vue de ce dernier a été prolongée de 10 jours.
Alors que l'alliance Renault-Nissan est dans la tourmente, Bruno Le Maire tente de calmer le jeu. Et de rassurer au passage les 47.000 salariés de Renault en France. La nouvelle gouvernance mise en place provisoirement à la tête de Renault en raison de l'arrestation au Japon de Carlos Ghosn - puissant patron du numéro un mondial de l'automobile Renault-Nissan-Mitsubishi -, garantit le bon fonctionnement du groupe, a déclaré ce mercredi le ministre de l'Économie lors d'une conférence de presse. Il était aux côtés de Philippe Lagayette et Thierry Bolloré, désignés la veille au soir par le constructeur français pour assumer à titre temporaire les fonctions de son PDG.
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Le ministre français de l'Économie a également redit son «attachement» à l'alliance entre Renault et Nissan, alors que le constructeur japonais devrait évincer jeudi Carlos Ghosn de ses fonctions de président du conseil d'administration. Bruno Le Maire a également annoncé qu'il recevrait jeudi son homologue japonais Hiroshige Seko, avec lequel il a réaffirmé mardi dans un communiqué commun le soutien de la France et du Japon à cette alliance.
«Nous avons convenu que nous voulions la poursuite et la consolidation de l'alliance», a déclaré Bruno Le Maire, alors que l'État français est actionnaire de Renault à hauteur de 15%. «Il y a une gouvernance à la tête de Renault, cette gouvernance est solide et cette gouvernance garantit le bon fonctionnement de l'entreprise Renault, qui est un fleuron industriel auquel nous sommes profondément attachés», a-t-il déclaré.
Carlos Ghosn est en détention depuis lundi au Japon, où Nissan l'accuse de fraude financière. Comme le conseil d'administration de Renault mardi soir, Bruno Le Maire a demandé à Nissan de fournir «tous les éléments» appuyant ses accusations contre Carlos Ghosn. «Nous ne disposons à l'heure où je vous parle d'aucune preuve justifiant les charges qui pèsent actuellement contre M. Carlos Ghosn», a-t-il dit.
Carlos Ghosn reste en détention
Selon les médias japonais, la justice japonaise a décidé de prolonger de 10 jours la garde à vue de Carlos Ghosn afin de poursuivre les investigations en cours sur des soupçons de malversations financières.
Pour rappel, Carlos Ghosn a été arrêté lundi à Tokyo. Le parquet reproche au Franco-Libano-Brésilien d'avoir «conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015», en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. Un de ses collaborateurs, Greg Kelly, interpellé simultanément, a également vu sa durée de détention étendue de 10 jours, soit jusqu'au 30 novembre, toujours selon les médias. Plus tôt dans la journée, la presse avait indiqué que l'actuel patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, qui a confirmé l'affaire devant la presse lundi soir, ainsi que l'ex-numéro deux de Nissan Toshiyuki Suga devaient aussi être entendus par les enquêteurs.
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Le groupe Nissan pourrait également faire l'objet de poursuites judiciaires, en tant que personne morale. Le parquet estime, selon la presse, que si faute il y a, la responsabilité en incombe aussi à l'entreprise: c'est en effet elle qui a remis aux autorités les documents financiers inexacts dans lesquels Carlos Ghosn aurait dissimulé une partie importante de ses revenus. Les personnes matériellement impliquées dans les éventuelles falsifications peuvent quant à elles voir leur peine allégée en cas de coopération avec la justice, ce en vertu d'une récente loi qui n'a pour le moment été utilisée que dans un autre cas.
L'avenir de l'alliance en question
Au-delà du sort personnel de Carlos Ghosn, c'est toute l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, dont il orchestrait le fragile équilibre, qui tangue à la suite de ce coup de tonnerre. Selon le Financial Times, cette affaire survient au moment où le PDG de l'ensemble aux 10,6 millions de véhicules travaillait à une fusion entre Renault et Nissan, une opération que le constructeur japonais rejetait et cherchait à bloquer de crainte qu'elle ne grave dans le marbre son statut de «second ordre» dans la structure, toujours selon le quotidien.
Carlos Ghosn voulait rendre les liens «irréversibles» entre Renault et Nissan, a commenté dans une note Kentaro Harada, analyste chez SMBC Nikko Securities. «Nous ne pouvons pas exclure la possibilité que l'alliance se retrouve affaiblie». «Cela va-t-il changer l'équilibre du pouvoir (entre les parties française et japonaise), c'est la principale question», souligne-t-il.
L'agence de notation Standard and Poor's a d'ailleurs annoncé mardi qu'elle envisageait de baisser la note de la dette à long terme de Nissan, en raison en particulier des doutes autour de ce mariage à trois. Les titres des trois entreprises ont chuté après l'annonce de l'arrestation, mais l'action Nissan a rebondi légèrement mercredi.
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