L’ex-maire corrompu Gilles Vaillancourt cacherait encore de l’argent à l’étranger. La Ville de Laval tente de mettre la main sur plus de 175 000 $ qui se trouvent dans le paradis fiscal des Bermudes, selon des documents de cour.
Vaillancourt a été condamné à six ans de pénitencier en décembre 2016, lui qui a reconnu avoir volé ses concitoyens pendant une quinzaine d’années. L’ancien maire et ses complices percevaient une ristourne de 2 % sur les contrats de construction et d’ingénierie à Laval. Il a été libéré du pénitencier pour bonne conduite moins d’un an plus tard.
En plaidant coupable, Vaillancourt s’était engagé à remettre à la Ville environ 8,5 millions $. Cette somme était surtout composée du contenu de ses comptes bancaires en Suisse.
Mais l’inventaire était incomplet. Trois ans plus tard, Laval demande à la Cour supérieure de la désigner comme bénéficiaire de tous les avoirs qui se trouvent dans un mystérieux compte caché sous le soleil des Bermudes.
Selon elle, le jugement de l’honorable James Brunton qui envoyait Vaillancourt en taule, fin 2016, ne faisait état ni de ce compte bancaire ni de son contenu.
Ouvert en 1983
La requête précise que le compte « a été ouvert par M. Vaillancourt le ou vers le 12 décembre 1983 ». Un seul dépôt y a été effectué, le jour même, et aucune autre somme d’argent n’y aurait été ajoutée depuis.
« En date du 7 janvier 2019, les avoirs déposés dans ce compte bancaire totalisent 175 404,05 $ CAD », lit-on dans la requête déposée en Cour supérieure le 27 novembre dernier.
La portion du document qui permettrait de savoir exactement quand les autorités ont constaté la présence de fonds à la Bermuda Commercial Bank a été caviardée.
« À ce jour, malgré la volonté des parties, aucune somme déposée aux Bermudes n’a été remise par M. Vaillancourt à la Ville de Laval », déplorent les procureurs de la Ville.
Conseiller municipal
À l’époque où le compte a été ouvert, Vaillancourt n’était pas encore maire, mais il était conseiller municipal depuis une dizaine d’années.
Selon la requête, le Directeur des poursuites criminelles et pénales aurait mentionné à la Ville qu’il n’était pas en mesure de rapatrier les sommes au Canada, puisque la date de dépôt est antérieure aux crimes commis par l’ex-maire.
La tentative de Laval pour récupérer les fonds pourrait également être compliquée par l’institution bancaire bermudienne.
« Les avoirs déposés sont gelés par la Bermuda Commercial Bank aux Bermudes en raison de la non-conformité du Compte bancaire aux règles en vigueur relatives à l’identification des clients », précise la Ville.
« Ils ne lâchent pas le morceau »
Au moment de mettre sous presse, Vaillancourt, 78 ans, n’avait pas rappelé.
Jointe hier à son domicile, la conjointe de l’ex-maire, Francine Dupuis-Vaillancourt, a semblé surprise lorsque nous l’avons informée de la requête des procureurs lavallois.
« Ils ne lâchent pas le morceau, eux autres, mais c’est pas grave », a-t-elle affirmé.
En mai 2013, l’Unité permanente anticorruption avait réalisé le plus gros coup de filet de son histoire en arrêtant Gilles Vaillancourt et 36 autres personnes. Vingt-sept d’entre elles ont été reconnues coupables, dont huit ont écopé de peines de prison fermes.
– Avec la collaboration de Diane Meilleur
Y a-t-il d’autre argent à trouver ?
Gilles Vaillancourt a beau avoir remboursé 8,5 M$ et renoncé à son régime de retraite en plaidant coupable, il n’est pas dans la rue pour autant.
- L’ex-maire habite en ce moment dans un condo sur l’île Paton, à Laval. La résidence est libre d’hypothèque. Elle appartient à sa femme Francine Dupuis-Vaillancourt, qui l’a payé comptant 340 000 $ en 2017, grâce à un don de 205 000 $ fait le jour même de la transaction par sa fille.
- Mme Dupuis-Vaillancourt, qui a toujours été femme au foyer, possède également un condo d’au moins 900 000 $ à Sunny Isles, en Floride. Elle avait acheté l’appartement en 2006. En 2017, le cabinet du maire Marc Demers avait expliqué à TVA Nouvelles que la Ville ne pouvait saisir ce bien, car il avait été obtenu d’un héritage familial.
- En juin 2017, Vaillancourt et sa femme ont récupéré 54 000 $ qui avaient été saisis par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) dans des coffrets de sûreté en 2012.
- La dernière fois que Le Journal a croisé l’ex-maire, en décembre 2018, il prenait place au volant d’un VUS Cadillac XT4 AWD, d’une valeur d’environ 40 000 $. Il n’avait pas voulu faire de commentaires, mais avait accusé Le Journal d’émettre des fausses nouvelles à son sujet.
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