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2.800 chercheurs en intelligence artificielle boycotteront la future revue de « Nature »

Plus de 2.800 chercheurs en intelligence artificielle (IA) ont signé une lettre dans laquelle ils annoncent qu'ils ne participeront pas au journal « Nature Machine Intelligence », que souhaite lancer la prestigieuse revue scientifique « Nature » en 2019.

L'appel au boycott  a été publié sur le site de l'Oregon State University , par Thomas Dietterich, professeur d'informatique dans ce même établissement et ancien rédacteur en chef de la revue « Machine Learning ».

Un enjeu de carrière

Les signataires craignent que le coût pour accéder aux articles de la nouvelle revue de « Nature » soit très élevé, alors que la communauté de chercheurs en IA est habituée à publier des travaux gratuitement ou en libre accès, que ce soit dans le «  Journal of Machine Learning Research  » (JMLR, créé en 2001 par des anciens du journal « Machine Learning », dont Thomas Dietterich) ou sur  ArXiv.org .

Les articles d'une revue scientifique ont la particularité d'être relus par les pairs des auteurs. « Nature » et ses autres journaux bénéficient d'un « facteur d'impact », sorte de note au prestige, très élevé. Publier dans leurs colonnes permet ainsi aux chercheurs de prétendre à de meilleures carrières. Mais, souvent, le journal impose aussi des frais aux auteurs. Une politique contre laquelle s'opposent les signataires : « Nous ne voyons aucun intérêt à un accès restreint ou à une publication d'article payante pour le futur de la recherche en apprentissage automatique, et nous croyons que l'adoption de ce nouveau journal comme dispositif de documentation pour notre communauté serait une étape rétrograde. »

Des grands noms de l'IA ont rejoint l'appel, notamment les trois grands pionniers du « deep learning » (apprentissage automatique profond),  Yann LeCun (responsable de la recherche en IA chez Facebook), Geoffrey Hinton (professeur à Toronto et responsable de Google Canada) et Yoshua Bengio (professeur à l'Université de Montréal). De nombreux chercheurs de Google et DeepMind (filiale de Google spécialisée dans l'apprentissage automatique) figurent également parmi les signataires.

Plusieurs de ces personnalités se sont exprimées par le passé en faveur d'une recherche ouverte, dont les résultats soient largement accessibles et partagés. Dans une interview aux « Echos » en 2016 , Yann LeCun expliquait déjà que « c'est un moyen de garantir la qualité de la rechercheSi vous dites aux gens de publier leurs travaux, ça leur donne un standard de méthodologie et de déontologie qui est plus haut que si on leur demande simplement d'obtenir de bons résultats. »

La semaine dernière, Thomas Diettrich  a déclaré au site « Motherboard »  : « Pour les universités publiques telles que la mienne, [le processus de publication] est un important transfert d'argent venant des contribuables et des étudiants qui payent des frais d'inscription vers les éditeurs. Pourquoi attendre ensuite de nos employeurs qu'ils payent aussi pour lire les articles publiés ? »

Toujours dans Motherboard, un porte-parole de Nature Publishing Group répond que « les revues sélectives telles que 'Nature Machine Intelligence' - qui impliquent un développement éditorial substantiel, visent à fournir un haut degré de service aux auteurs et à publier des contenus informatifs et accessibles au-delà de la recherche initiale - requièrent des investissements ».

Un débat récurrent

Les tarifs pratiqués par les journaux scientifiques font débat depuis maintenant plusieurs années. En 2014, les universités françaises s'étaient lancées dans une vague de désabonnement. Paris-V (Paris-Descartes) avaient ainsi retiré  34 titres, dont ceux de « Nature » de ses abonnements. En 2012, 10.000 universités avaient signé un appel au boycott du géant néerlandais de l'édition scientifique, Elsevier.

De nombreux chercheurs souhaitent aujourd'hui publier en libre accès :  82 % déclarent qu'ils préféreraient cette option si les meilleurs journaux, ou les plus appropriés à leurs travaux, pratiquaient cette politique, selon une étude mise en avant sur le site de... « Nature ». Un constat qui a poussé l'éditeur à la création de revues en libre accès à partir de 2015.

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https://www.lesechos.fr/intelligence-artificielle/veille-technologique/0301651083069-2800-chercheurs-en-intelligence-artificielle-boycotteront-la-future-revue-de-nature-2174471.php

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