Bruno Le Maire a déclaré ce matin sur France Info que l'Etat ne demanderait pas le départ du dirigeant de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, mais qu'il souhaite la mise en place d'une «gouvernance intérimaire» au plus vite.
Cette nuit, le parquet de Tokyo a confirmé la garde à vue du PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors. Un communiqué indique que Carlos Ghosn a «conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015». Selon le parquet japonais, Carlos Ghosn a déclaré une somme de 4,9 milliards de yens, soit environ 37 millions d'euros, alors qu'il avait gagné près du double, environ 10 milliards de yens.
Carlos Ghosn a été arrêté dans la journée de lundi, après plusieurs mois d'enquête interne menée par le constructeur japonais Nissan. Le président de l'entreprise, Hiroto Saikawa, a alors également parlé de «nombreuses autres malversations, telle que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles». Il a dénoncé le «côté obscur de l'ère Ghosn», et a estimé qu'il s'agissait que les pouvoirs accrus du président de l'alliance automobile représentaient un «problème».
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Un porte-parole du groupe Renault a annoncé ce matin à l'AFP que le conseil d'administration du groupe allait se réunir «dans la journée» pour discuter de la gouvernance intérimaire de l'entreprise pendant la détention de son PDG.
Les autorités françaises dans l'expectative
Plusieurs membres de l'exécutif ont réagi à cette affaire. Dans Les 4 vérités, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a rappelé qu'il pensait «aux salariés du groupe Renault». Le gouvernement n'a, selon ses dires, «aucun élément» sur la procédure en cours au Japon contre Carlos Ghosn. «Je laisse la justice du Japon faire», a conclu le patron de la place Beauvau, ne s'exprimant pas plus avant sur la position de l'Etat.
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré quant à lui sur France Info que «Carlos Ghosn n'est plus en état de diriger le groupe» Renault. Pour autant, l'Etat ne demandera pas son départ, par respect de la présomption d'innocence. Le locataire de Bercy estime que le départ du dirigeant «fragilise» le groupe: «raison de plus pour agir vite, clairement», a-t-il ajouté. Le gouvernement souhaite donc une «nouvelle gouvernance» intérimaire pour l'alliance automobile. Le ministre va également appeler ses homologues japonais pour discuter avec eux des suites à donner à l'affaire et pour mieux comprendre les raisons de la garde à vue du dirigeant franco-libanais. Bruno Le Maire a pour autant tenu à rassurer les salariés du constructeur, en expliquant que l'Etat «[traite] le sujet», et qu'il souhaitait «consolider» l'alliance: «Nous avons aujourd'hui un directeur général délégué, M. Thierry Bolloré, qui est de grande qualité», a-t-il expliqué. De plus, Bruno Le Maire a précisé que Bercy avait «vérifié la situation fiscale» de Carlos Ghosn en France, et qu'il n'y avait «rien de particulier à signaler» sur ce sujet. Pour autant, le ministre ne peut confirmer si le dirigeant paie effectivement ses impôts en France, la chose étant couverte par «le secret fiscal».
«Préserver la stabilité de l'alliance»
Hier soir, le président Emmanuel Macron avait déjà mis l'accent sur ce qu'il estimait être la priorité actuelle: maintenir la «stabilité de l'alliance» Renault-Nissan-Mitsubishi. Un porte-parole du gouvernement japonais, quant à lui, a jugé la situation «extrêmement regrettable». Pour autant, les autorités nippones refusent pour le moment de s'exprimer sur le volet judiciaire de l'affaire.
Plusieurs voix se sont élevées pour demander un départ au plus vite de Carlos Ghosn. Le député (PS) Boris Vallaud a par exemple déclaré ce mardi matin qu'il n'était «pas concevable» que le dirigeant reste en place. «Je souhaite qu'il n'y ait pas de précipitation et que l'on sache exactement de quoi l'on parle», a-t-il ajouté, précisant qu'il souhaitait que l'Etat français «assure» la «stabilité des projets industriels» de l'alliance automobile. L'ancien candidat à la présidentielle et désormais tête de liste (EELV) aux européennes Yannick Jadot a déclaré sur Public Sénat qu'en cas de malversations avérées, «évidemment, il ne peut rester à la tête du groupe Renault». Les politiques français restent pour l'instant prudents, respectant la présomption d'innocence, mais chacun s'accorde pour espérer une stabilisation rapide de la situation de l'alliance automobile.
La bourse a réagi violemment à cette affaire : mardi matin, le titre de Nissan chutait, à la Bourse de Tokyo, de 6% à 940 yens, après avoir déjà perdu 5,45% lundi soir. En parallèle, le titre de Mitsubishi Motors lâchait quant à lui 6,8%, à 680 yens à l'ouverture. Lundi soir, le titre de Renault suivait le même chemin et perdait, à la Bourse de Paris, 8,43%, à 59,06 euros.
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