VIDÉO - Le conseil d'administration de Nissan vient de révoquer le patron français de son poste de président. Selon Reuters, le représentant de Renault au conseil aurait essayé de nommer des administrateurs lors de la réunion.
Le verdict est tombé. Le conseil d'administration du géant de l'automobile Nissan, qui s'est réuni ce jeudi pour se prononcer sur l'avenir de son emblématique président Carlos Ghosn. a décidé de le révoquer. La réunion a débuté en milieu d'après-midi (heure japonaise) au siège du groupe à Yokohama, en banlieue de la capitale japonaise. Six hommes et une femme ont décidé du sort du patron du numéro un mondial de l'automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors.
C'est Hiroto Saikawa, patron exécutif du constructeur depuis avril 2017, qui dirigeait les débats. La décision devait être ensuite prise à main levée, quatre votes suffisant à évincer Carlos Ghosn. Son remplaçant par intérim devrait être nommé, probablement Hiroto Saikawa qui est son ancien dauphin et a mené lundi soir une charge très violente contre son ancien mentor. Le sort de l'emblématique patron français semblait scellé. «La proposition n'aurait pas été soumise au vote s'il y avait eu le moindre doute», expliquait ainsi une source proche de la direction citée par l'AFP. Toutefois, lors du vote, le conseil de Renault aurait demandé à exercer son droit de nommer des administrateurs de Nissan dans le cadre de leur accord d'alliance, selon des sources citées par Reuters.
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Arrêté lundi pour des malversations présumées, Carlos Ghosn est détenu à Tokyo et sa garde à vue a été prolongée de 10 jours mercredi par le tribunal de district de Tokyo afin de poursuivre les investigations. Shin Kukimoto, procureur adjoint au parquet du district de Tokyo, a déclaré ce jeudi qu'il ne pouvait pas dire si Carlos Ghosn avait reconnu ou non les faits de fraude financière qui lui sont reprochés.
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Les révélations pleuvent dans la presse japonaise
Au même moment que la décision du conseil d'administration se tient une conférence de presse du parquet, alors que pleuvent les révélations dans les médias japonais sur les méfaits dont se serait rendu coupable le Franco-Libano-Brésilien de 64 ans. Officiellement, il est accusé d'avoir - avec des complices -, «minimisé sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015», en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. Mais il est aussi soupçonné d'abus de biens sociaux, d'après les résultats de l'enquête interne conduite par Nissan au cours des derniers mois.
Le journal Asahi Shimbun rapporte ce jeudi que Carlos Ghosn a demandé par courriel à Greg Kelly, administrateur de Nissan lui aussi sur la sellette, de falsifier ses déclarations de revenus. Le parquet de Tokyo a probablement saisi ses emails et pourrait les utiliser comme preuves, ajoute le journal, qui cite des sources anonymes. Selon le Yomiuri, plus gros tirage de la presse japonaise qui cite également des sources anonymes, l'enquête interne menée par Nissan a révélé que Carlos Ghosn avait demandé depuis 2002 qu'une somme d'environ 100.000 dollars par an soit versée à sa sœur aînée en rémunération d'une «activité de conseil» fictive.
En outre, selon le quotidien japonais Nikkei, Carlos Ghosn aurait aussi bénéficié de plusieurs résidences payées par une filiale néerlandaise de Nissan. Le montant total des transactions atteindrait 17,8 millions de dollars. Il aurait notamment eu de luxueux logements en France et aux Pays-Bas, mais aussi à Rio de Janeiro au Brésil, pays où il est né, et à Beyrouth au Liban, où il a terminé ses études. Nikkei souligne au passage que ses maisons étaient utilisées par Ghosn pour son usage personnel et que Nissan aurait également financé les travaux de rénovation des maisons de Beyrouth et Rio.
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L'avenir de l'alliance en jeu
Chez Renault, la prudence est pour l'instant de mise. Le conseil d'administration a demandé à Nissan «de lui transmettre l'ensemble des informations en sa possession dans le cadre des investigations internes dont M. Ghosn a fait l'objet». Estimant ne pas être en mesure de se prononcer sur le fond de l'affaire, le constructeur français a pris des mesures pour assurer l'intérim en confiant mardi soir les rênes du groupe à un tandem formé par l'administrateur référent Philippe Lagayette, qui assurera la présidence du conseil d'administration, et du directeur général adjoint Thierry Bolloré, promu directeur général délégué.
Mercredi, le gouvernement français tentait de se montrer rassurant quant à l'avenir du constructeur au losange, dont l'État détient 15%. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a ainsi assuré, devant la presse à Paris, qu'une gouvernance «solide» mais «provisoire» était en place afin de permettre au constructeur français de poursuivre ses activités. Il doit rencontrer ce jeudi à 16h15 (heure de Paris) son homologue japonais, Hiroshige Seko, pour évoquer la pérennité du partenariat ainsi que sa «prolongation». Cette volonté d'apaisement a également été exprimée ce jeudi matin par Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie. «Le sujet, c'est de calmer le jeu et d'assurer la pérennité de l'alliance», a-t-elle notamment expliqué.
Si, au Japon, les propos sont en surface rassurants, la presse locale bruit de déclarations anonymes de responsables de Nissan affirmant que le groupe veut revoir la structure de l'alliance, «condition nécessaire pour qu'elle continue», selon l'un d'eux. L'objectif serait de revoir les participations croisées: Renault détient 43% de Nissan, mais le japonais, qui domine son allié en termes de chiffre d'affaires, n'en possède que 15%, une situation qui provoque depuis longtemps des rancœurs dans l'archipel. Selon le quotidien économique Nikkei, qui cite un dirigeant de Nissan, Carlos Ghosn cherchait à intégrer les deux groupes, et «il était possible qu'un plan concret soit prêt au printemps prochain», mais cette fusion est ouvertement rejetée par Hiroto Saikawa.
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Un actionnaire de Renault a porté plainte
Un actionnaire de Renault a porté plainte mercredi à Paris pour «abus de bien social» et «diffusion de fausse information au marché», deux jours après l'arrestation au Japon du patron du groupe, Carlos Ghosn, soupçonné de malversation financière, a annoncé son avocat à l'AFP.
Cet actionnaire individuel veut obtenir réparations pour la chute du titre du constructeur entraîné par l'annonce lundi de l'arrestation du PDG de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, a expliqué Me Frederik-Kanel Canoy, qui dit représenter une «dizaine» d'autres actionnaires souhaitant porter plainte à leur tour.
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