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Sécurité des réseaux : la France hésite face à Huawei

Cet été, de drôles de machines sont apparues, le temps d'une journée, sur la splendide terrasse du musée d'art contemporain de Bordeaux, un ancien entrepôt de denrées coloniales face à la Garonne.

Le 3 juillet, Bouygues Telecom avait réquisitionné les lieux pour y mener une expérimentation 5G « grandeur nature », avec les équipements télécoms de Huawei. Deux mois plus tôt, c'est SFR qui réalisait une démonstration similaire, en banlieue parisienne, là encore avec du matériel fabriqué par le numéro un mondial du secteur, né en 1988 et présent en France depuis plus de quinze ans.

Après ces expérimentations, Huawei va-t-il pouvoir participer à la construction du futur réseau 5G français, alors qu'aux  Etats-Unis et en  Australie, le géant chinois des télécoms a été bloqué de ce juteux marché ?

« Pas assez de raisons suffisantes »

Pour le moment, Paris observe, avec pragmatisme. « Il n'y a pas assez de raisons suffisantes pour justifier une interdiction totale, juge un conseiller ministériel à Bercy. Si Huawei installe une antenne-relais à Nantes, ce n'est pas pareil qu'une antenne en face de l'Elysée... Nous avons une analyse fine de la situation. » Une autre source proche des arcanes du pouvoir reconnaît pourtant que le sujet « se tend » en ce moment.

L'arrivée de la 5G en France, prévue pour 2020, accélère la réflexion, alors que les fréquences nécessaires pour le prochain standard de téléphonie mobile, promesse d'un Internet ultrarapide, doivent être libérées l'an prochain. Les équipements de Huawei sont « techniquement très bons », estime un opérateur.

Les interdire pourrait donc  mettre la France en retard dans la course mondiale sur la 5G, chose impensable pour le gouvernement. « La capacité des équipementiers n'est pas illimitée... Si Huawei était bloqué, Nokia ne pourra pas tout faire », craint un autre opérateur.

Plus de risques avec la 5G

D'un autre côté, les équipements radio deviennent plus vulnérables aux attaques avec la 5G, d'où la nécessité de se protéger. L'article R226 du Code pénal, qui concerne les équipements sensibles, pourrait ainsi être étendu pour les prendre en compte. Huawei, qui emploie un millier de personnes en France, dont six en charge de la cybersécurité, explique que tout dépend, en fait, de la configuration exacte du réseau.

« Nous sommes extrêmement vigilants et depuis très longtemps, bien avant la 5G. Il y a des garde-fous partout sur nos équipements. Une fois qu'ils sont installés chez le client, nous n'y avons plus accès, sauf quand l'opérateur nous demande d'en faire la maintenance », assure Zhang Minggang, le numéro 2 du groupe chinois en France.

Enfin, des considérations géopolitiques entrent également en jeu : Emmanuel Macron a promis qu'il se rendrait une fois par an en Chine pendant son mandat. « On ne veut pas se fermer à la Chine. Nous sommes au contraire dans une logique d'ouverture, mais sans être naïf », résume-t-on à Bercy.

L'Ile-de-France, zone sensible

Le débat n'est pas nouveau. La préparation de la 4G avait déjà généré des suspicions. « Le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale, le SGDSN, avait alors multiplié les alertes. [...] En 2013, la loi de programmation militaire avait été modifiée, pour mieux protéger les équipements télécoms », explique le contact cité plus haut.

Sur la 4G, les opérateurs hexagonaux ont déjà pris leurs précautions. En Ile-de-France, aucun n'utilise des produits Huawei, mais le groupe chinois est bien implanté sur le reste du territoire dans leurs réseaux. Pour les équipements de coeur de réseau, la partie la plus sensible, les opérateurs ont choisi Nokia, Ericsson ou Cisco.

Le groupe chinois dit n'avoir jamais essayé de pénétrer sur ce segment très sensible, sachant qu'il n'obtiendrait pas le feu vert de l'Anssi, l'agence chargée de la sécurité des systèmes d'information. D'autres pays ont cependant été plus ouverts : en Allemagne et au Royaume-Uni, Huawei vend bien des équipements coeur de réseaux. Qui sait pour combien de temps ?

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