La consommation de pétrole par les Québécois, notamment en raison de leur engouement pour les VUS, va à l'encontre de leurs propres objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES), souligne un rapport de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal.
Pour Pierre-Olivier Pineau, coauteur du rapport l'État de l'énergie au Québec 2019, cette tendance compromet l'atteinte des cibles que s'est fixées le gouvernement, c’est-à-dire de réduire de 40 % la consommation de produits pétroliers et de 37,5 % les émissions de GES d'ici 2030.
Selon le rapport, les ventes d'essence ont grimpé de 12,7 % au Québec entre 2013 et 2017.
Entre l’électricité, le gaz naturel et l’essence, c’est l’essence qui coûte le plus cher. Mais pourtant, la consommation des Québécois va en augmentant pour l’essence.
Pierre-Olivier Pineau déplore que les Québécois continuent d'investir des montants records dans l'achat d'un nombre toujours croissant de maisons de plus en plus grandes, mais aussi de gros véhicules.
« Depuis 2015, il se vend plus de VUS [véhicules utilitaires sport] que de voitures, indique-t-il. Les gens ne veulent plus de voitures. »
Le rapport indique que cette tendance s’observe autant quant au nombre d’unités vendues qu’en ce qui concerne les montants dépensés. En 2017, les Québécois ont ainsi dépensé 12 milliards de dollars pour acheter des VUS, des minifourgonnettes et des camionnettes. Les ventes de voitures représentaient 5,4 milliards de dollars.
« Ça n’a aucun lien avec le nombre d’enfants des familles, ajoute le chercheur. C’est des gens qui veulent être plus confortables dans leurs [véhicules], se sentir plus en sécurité, et qui ont accès à des taux de financement assez alléchants. Et alors ils se disent "pourquoi pas?", souligne-t-il. Mais le "pourquoi pas" les amène à acheter plus d’essence et, paradoxalement, à toujours se plaindre du prix de l’essence. »
Selon Pierre-Olivier Pineau, le Québec devrait prioriser une économie qui minimise les pertes d'énergie.
« C’est sûr que le transport en commun n’est pas aussi attrayant qu’il pourrait l’être, déplore le chercheur. Et il y a aussi des freins réglementaires à tout ce qui est covoiturage, autopartage. »
Il croit que le gouvernement « pourrait être plus agressif », et « permettre aux solutions alternatives de se développer pour permettre aux gens de sortir de leurs voitures ».
Le rapport signale aussi que la vente de véhicules électriques est en progression, mais que si leur déploiement se réalise à grande échelle d'ici 12 ans, le défi de la gestion de la pointe de la demande sera amplifié dans le réseau de distribution d'électricité.
Des outils pour atteindre les objectifs
Pierre-Olivier Pineau croit par ailleurs que le marché du carbone et le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du Québec 2018-2023, vont aider le Québec à réduire son utilisation de combustibles fossiles et ses GES.
Lancé en juin, le Plan directeur recommande 225 mesures pour permettre au Québec d'améliorer son efficacité énergétique de 5 % et de réduire sa consommation de produits pétroliers de 12 % par rapport à 2013. L'ensemble de ces mesures pourraient contribuer à une réduction de GES de l'ordre de 5,4 millions de tonnes de CO2.
Le professeur Pineau salue d’ailleurs que le Québec puise près de 50 % de l'ensemble de son énergie de sources renouvelables.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "GES : les Québécois s'éloignent de leurs objectifs - ICI.Radio-Canada.ca"
Post a Comment