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Huawei: la directrice financière demande sa remise en liberté | DEBORAH JONES AVEC ERIC THOMAS À MONTRÉAL | Affaires - LaPresse.ca

La directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, arrêtée à Vancouver à la demande des États-Unis, doit comparaître vendredi devant un juge canadien pour une audience de remise en liberté, prélude à un processus d'extradition qui pourrait prendre des mois, voire des années.

Meng Wanzhou, arrêtée le 1er décembre lors d'une escale à l'aéroport de Vancouver, devait brièvement comparaître dans la matinée au tribunal de la ville lors d'une audience préliminaire sur une demande de libération conditionnelle. À la demande du géant chinois, la justice a imposé aux médias une interdiction de publication de tout détail sur les charges pesant contre elle.

Selon des informations de presse, Washington soupçonnerait la fille du fondateur du numéro deux mondial des smartphones de violation des sanctions américaines contre l'Iran. Des informations démenties par Huawei, qui affirme de son côté n'avoir aucune connaissance d'acte répréhensible de la part de sa directrice financière.

L'arrestation de Mme Meng, 46 ans, quelques jours après l'annonce d'une trêve dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington, a provoqué la colère des autorités chinoises, qui ont immédiatement exigé sa remise en liberté.

« Nous exigeons des deux parties (Canada et États-Unis) que des clarifications nous soient fournies au plus vite quant aux motifs de cette détention », a martelé jeudi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang.

Il a demandé la remise en liberté « immédiate » de Meng Wanzhou, fille de Ren Zhengfei, fondateur de Huawei en 1987 et ancien membre de l'armée chinoise.

Selon le quotidien Globe and Mail, qui cite un avocat spécialisé, la directrice financière de Huawei devrait s'engager, si elle est remise en liberté, à séjourner dans un lieu privé et sécurisé, sous surveillance électronique, dans l'attente d'une décision sur son extradition.  

Ce processus, dans le cadre d'un accord bilatéral entre les États-Unis et le Canada, peut prendre des mois voire des années avant d'aboutir, en raison des nombreuses possibilités d'appel. La décision finale reviendra au ministre canadien de la Justice.

Face aux critiques de la Chine, avec laquelle le Canada tente de renforcer les liens commerciaux, le premier ministre canadien Justin Trudeau a assuré que la décision d'arrêter la dirigeante chinoise avait été prise par la justice canadienne, à la demande de la justice américaine, sans aucune intervention politique d'Ottawa.

Attitude de « voyou »

« On a été avisé du processus judiciaire quelques jours avant que l'arrestation soit faite », a reconnu jeudi M. Trudeau. Toutefois, « il n'y a pas eu d'intervention politique dans cette décision car nous respectons l'indépendance du système judiciaire », a-t-il insisté. « Je n'ai pas eu de discussions avec mes homologues chinois à ce sujet ».

La Maison-Blanche était également prévenue de cette arrestation, survenue le jour même où le président Donald Trump dînait avec son homologue Xi Jinping, a confié à la radio NPR le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton.  

La rencontre samedi entre les présidents américain et chinois s'était conclue par l'annonce d'une trêve dans la guerre commerciale sino-américaine.

Vendredi, la presse chinoise a dénoncé l'attitude de « voyou » des États-Unis, destinée selon elle à contenir les ambitions technologiques du pays asiatique.

« De toute évidence, Washington a recours à cette misérable attitude de voyou car il ne peut stopper la progression de Huawei sur le marché de la 5G », dénonce ainsi le quotidien Global Times, au ton souvent nationaliste.

Les produits Huawei sont utilisés par des opérateurs téléphoniques dans le monde entier, notamment en Europe et en Afrique.  Mais le groupe connaît des déboires aux États-Unis, où il a été banni des projets d'infrastructures pour des raisons invoquées de sécurité nationale et de craintes d'espionnage au profit de Pékin.

Des craintes relayées en Europe : le vice-président de la Commission européenne Andrus Ansip a estimé vendredi à Bruxelles que l'Union européenne avait de bonnes raisons de « s'inquiéter » des risques que des entreprises chinoises de technologies comme Huawei faisaient courir en matière de sécurité.

Huawei s'est immédiatement dit « surpris et déçu » par les propos de M. Ansip.  

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