Les cours du pétrole canadien bondissaient lundi après la décision de l'Alberta d'imposer aux pétrolières actives dans cette province une baisse de 8,7 % de leur production pendant un an à compter du 1er janvier pour faire monter les prix.
L'indice du brut canadien (Canadian Crude Index), négocié à la Bourse de New York, progressait de 34 % à 32,42 dollars vers 13 h 35, tandis que celui du Western Canadian Select (WCS), principal indice du brut lourd extrait des sables bitumineux de l'Alberta, gagnait près de 10 % à 16,93 dollars.
Entre engorgement des oléoducs nord-américains et surabondance de l'offre, quelque 35 millions de barils attendent actuellement en Alberta d'être exportés, a relevé dimanche le gouvernement albertain dans un communiqué.
La première ministre de l'Alberta Rachel Notley a annoncé une réduction de la production de pétrole de sa province de 325 000 barils par jour, en attendant que plus de capacités de transport soient disponibles, afin de réduire l'écart de prix entre le WCS et le WTI, principe indice du brut léger américain.
Les grands groupes canadiens du secteur, qui sont à la fois producteur, raffineur et distributeur, comme Suncor ou Imperial Oil, s'étaient prononcés contre une baisse de leur production. Leurs actions évoluaient en légère baisse lundi en Bourse, tandis que celles des sociétés soutenant la baisse, comme Cenovus ou Canadian Natural Resources, gagnaient plus de 9 %.
Quatrième producteur mondial en 2017, le Canada extrait actuellement environ 4,8 millions de barils équivalent pétrole par jour, en majeure partie du brut lourd provenant des sables bitumineux de l'Alberta, un hydrocarbure non conventionnel très cher et polluant à extraire.
La décision de l'Alberta devrait retrancher 0,2 point de croissance en rythme annualisé au produit intérieur brut du Canada pour le trimestre en cours, ainsi qu'au premier trimestre de l'an prochain, ont estimé les économistes de la banque CIBC dans une note.
Le pétrole rebondit nettement à New York
Le pétrole a terminé en nette hausse à New York lundi, porté par la trêve commerciale entre Washington et Pékin, une alliance renouvelée entre les dirigeants russe et saoudien et l'annonce par une province canadienne d'une réduction de sa production.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour le contrat de janvier a gagné 2,02 dollars ou 4 % pour clôturer à 52,95 dollars.
À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, valait 61,74 dollars vers 14 h 40 sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,28 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Les deux barils rebondissaient ainsi nettement après avoir perdu plus de 22 % en novembre, leur pire baisse mensuelle depuis 2008.
Ils sont dopés par « la perspective de réductions ciblées de la production », a estimé Robbie Fraser de Schneider Electric.
À l'approche d'une importante réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses partenaires à Vienne jeudi et vendredi, le prince saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine se sont en effet déjà mis d'accord, en marge du sommet du G20 en Argentine, pour « prolonger » leur accord sur une baisse de la production de pétrole.
« Même si cela n'indique pas directement le nombre de barils qui pourraient être retirés du marché, cela apporte un cadre pour la conclusion d'un accord à Vienne », a remarqué M. Fraser.
Les prix du pétrole ont enfin été aidés par la trêve commerciale conclue entre les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping en marge du sommet du G20 samedi à Buenos Aires.
« C'est une bonne nouvelle parce qu'une escalade aurait pesé sur la demande de pétrole des deux premiers consommateurs mondiaux », ont souligné les analystes de Commerzbank.
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