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Les bons et mauvais coups de Sabia - TVA Nouvelles

Après 11 ans à la tête de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia quitte alors que le projet du Réseau express métropolitain (REM) est loin d’être complété et qu’une récession se pointe à l’horizon.

« On peut dire que l’on se souviendra de Michael Sabia comme d’un bon président de la Caisse de dépôt », soutient l’expert en finance et directeur général de l’Institut sur la gouvernance, Michel Nadeau. 

Ayant passé lui-même plus de 20 ans au sein de la haute direction de la Caisse par le passé, ce dernier sait que le poste de PDG n’est pas de tout repos.

« Il a remis de l’ordre en nettoyant le bilan et en redonnant de la confiance aux Québécois envers cette institution », tient à préciser M. Nadeau.

Tout juste avant son arrivée, la Caisse avait déclaré une perte de 40 milliards $, soit un rendement négatif de 25 % pour l’année 2008 en raison, notamment, de très mauvais placements dans le secteur des papiers commerciaux.

Il rappelle que les gens d’affaires du Québec inc. étaient très sceptiques lors de sa nomination.

On évoquait alors « un ancien fonctionnaire, un Ontarien, un ancien président de Bell qui n’avait pas de racines québécoises ».

M. Nadeau croit que Michael Sabia a su très bien reconstruire le réseau de la Caisse à l’international tout en continuant à encourager des placements dans l’économie du Québec. 

Pour Michael Sabia, son pire moment aura été vécu récemment avec les problèmes de gouvernance mis à jour par Le Journal chez Otéra.

« Trois personnes ont brisé le lien de confiance et ont brisé le lien d’intégrité. Je pense que nous avons appris les leçons ; nous avons changé les choses ; nous avons renforcé la qualité de la gouvernance. Cette affaire est vraiment derrière nous », a-t-il dit. 

 – Avec la collaboration de TVA Nouvelles  

Le Réseau Express Métropolitain (REM) sera l’un des plus gros projets de la Caisse avec des investissements estimés jusqu’à présent à 6,3 milliards $. La Caisse et ses partenaires jouent gros, alors que la mise en service du tronçon principal pourrait être reportée de 20 mois (2023) en raison de travaux majeurs à venir dans le tunnel du mont Royal. Par ailleurs, la Caisse a très mal paru avec l’octroi du contrat de la construction des trains du REM à Alstom plutôt qu’à Bombardier. Les voitures du REM seront ainsi construites en Inde.

Aussitôt arrivé en poste, Michael Sabia s’est empressé d’aller rencontrer les hauts dirigeants des entreprises du Québec inc. dans les bureaux de Power Corporation, à Montréal, pour un lunch d’affaires. Cette visite a beaucoup fait jaser et a suscité des réactions négatives. 

La Caisse de dépôt continue d’adorer les placements dans les paradis fiscaux. L’an dernier, la Caisse détenait au moins 267 placements dans les paradis fiscaux, pour une valeur de 23 milliards $. Il faut savoir que le recours aux paradis fiscaux n’est pas illégal. 

La vente de RONA au géant américain Lowe’s n’aurait jamais eu lieu sans le feu vert de Michael Sabia. À l’époque, la Caisse se voulait le plus gros actionnaire de RONA. La transaction de 3,2 milliards $ a rapporté 438 millions $ à la Caisse. Aujourd’hui, la vente de RONA apparaît comme une épine au bilan de Michael Sabia. 

Michael Sabia a fait prendre le virage international à la Caisse de dépôt en ouvrant davantage de bureaux un peu partout dans le monde et en investissant massivement à l’étranger. En 2009, 64 % de l’actif de la Caisse étaient concentrés au Canada. À la fin de 2018, c’était l’inverse, alors que 64 % de l’actif étaient à l’international.  

Des révélations de notre Bureau d’enquête sur la filiale immobilière Otéra, en février dernier, ont mis la Caisse et Michael Sabia dans l’embarras. Des prêts consentis par Otéra à des entreprises liées à des membres de la haute direction avaient été mis à jour, tout comme des liens entre une vice-présidente et un proche d’un clan mafieux. Après une enquête qui a coûté plus de 5 millions $, Michael Sabia a ordonné le grand ménage avec l’arrivée d’une nouvelle présidente et le changement des deux tiers des membres du conseil d’administration d’Otéra. 

Michael Sabia est arrivé à la Caisse de dépôt avec l’objectif de ramener un sentiment de confiance envers le « bas de laine » des Québécois. La perte de 25 % en 2008 après la crise financière avait laissé beaucoup de traces. Le PDG a ainsi réussi son pari de transformer l’institution afin de mieux équilibrer les prises de risques. Les actifs sous gestion sont ainsi passés de 120 milliards $ à plus de 326 milliards $.

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