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Michel Girard Les 5 grands travaux de Charles - Le Journal de Montréal

Monsieur Émond,

Bravo pour votre nomination au prestigieux poste de président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

D’immenses défis vous attendent. J’en souligne cinq.

PREMIER DÉFI

Maintenir la performance

Juste au niveau de la performance, force est d’admettre que votre prédécesseur, Michael Sabia, a mis la barre très haut en faisant de la Caisse l’un des meilleurs gestionnaires de portefeuille au monde parmi les grandes caisses de retraite et grands fonds de placement.

Michael Sabia a eu de la veine durant son règne. Beaucoup de veine. Il est arrivé à la Caisse lorsque les marchés boursiers étaient à leurs creux en 2009, puis il quitte alors qu’ils sont au sommet du vieux « bull market » qui perdure depuis sa nomination.

Vous, monsieur Émond, vous prenez les rênes de la Caisse au sommet du marché boursier. On s’entend que les risques de devoir affronter au cours de votre règne un cycle baissier (bear market) sont très élevés.

Et si tel est le cas, votre performance en sera inévitablement touchée.

Attendez-vous à une virulente critique si une contre-performance survient. Quand on gère un portefeuille de plusieurs centaines de milliards de dollars au nom de tous les Québécois ou presque, beaucoup de gestionnaires d’estrade vous attendent au détour !

DEUXIÈME DÉFI

Améliorer la transparence

Nous, les journalistes, on en a ras le bol des réponses évasives que les porte-parole de la Caisse sont forcés de nous servir à la suite d’une demande précise de renseignements.

Comme la Caisse est un organisme public qui gère les épargnes de l’ensemble des Québécois, elle doit se faire un devoir d’être la plus transparente possible.

Sous Michael Sabia, le manque de transparence de son administration a desservi la Caisse.

Mon conseil à ce chapitre, monsieur Émond : il ne faut jamais sous-estimer les journalistes lorsqu’ils cherchent réponses à leurs questions.

Les révélations du Journal sur le scandale des conflits d’intérêts au sein de la filiale Otéra de la Caisse est un des meilleurs exemples. Malgré le refus de la Caisse de collaborer, Le Journal a réussi à faire la lumière sur ce scandale, et la haute direction de la Caisse a perdu son panache et sa crédibilité.

TROISIÈME DÉFI

Favoriser davantage le Québec

Avec la montagne d’argent que la Caisse gère, il est évident qu’elle doit investir massivement à l’extérieur du Québec et du Canada, question de diversification. Et sous Michael Sabia, la Caisse a effectué un énorme virage en faveur des placements à l’étranger. Lorsqu’il est arrivé à la tête de la Caisse en 2009, 64 % de l’actif de la Caisse était investi au Canada. À la fin de 2018, cette proportion avait été inversée alors que 64 % du portefeuille était exposé à la croissance des marchés mondiaux.

La diversification internationale du portefeuille de la Caisse ne doit pas se faire au détriment de nos entreprises et de la protection de nos sièges sociaux. Deux exemples.

Convenons que Michael Sabia et ses collègues de la haute direction (dont le ministre Christian Dubé, ex-numéro deux de la Caisse avant de se présenter pour la CAQ de François Legault) ont commis une immense bourde lorsqu’ils ont donné le feu vert à l’américaine Lowe’s pour acquérir RONA, et ce, en acceptant de céder le gros bloc d’actions de RONA détenu par la Caisse.

Depuis cette vente aux Américains, RONA va de mal en pis, et ce, au détriment de ses employés et de ses fournisseurs québécois.

Autre gaffe monumentale de l’administration Sabia : faire rouler sur le REM (que nous payons avec nos épargnes et nos taxes) les trains indiens d’Alstom au lieu des trains québécois de l’usine Bombardier de La Pocatière.

Sous votre férule, monsieur Émond, j’espère que la Caisse y pensera à deux fois avant de céder un autre fleuron aux étrangers ou de favoriser les étrangers lors de l’octroi de gros contrats locaux.

QUATRIÈME DÉFI

Délaisser les paradis fiscaux

Sous prétexte qu’elle le fait pour le bien de ses déposants (nous, les Québécois), la Caisse nage dans les paradis fiscaux ! Sous Sabia, la Caisse a investi beaucoup d’argent dans les fonds privés qui utilisent les paradis de l’évitement fiscal : elle y détient des placements d’une valeur de 30 milliards $.

Vu que Québec et Ottawa pourfendent les entreprises qui utilisent les paradis fiscaux, la Caisse, comme organisme public, devrait montrer l’exemple et quitter les paradis fiscaux.

CINQUIÈME DÉFI

Réduire l’opacité des placements privés

Évoquant le besoin d’une répartition d’actif mieux diversifiée, la Caisse a fortement augmenté le poids de ses investissements dans les placements privés, l’immobilier et les infrastructures, lesquels représentent aujourd’hui le tiers de la valeur globale du portefeuille de la Caisse.

Le problème avec ces 111 milliards $ investis dans ces placements, tous privés ?

Il est impossible de suivre leur évolution financière, la Caisse se contentant de donner annuellement des fourchettes de valeur vraiment floues.

Franchement monsieur Émond, vous qui occupez présentement le poste de premier vice-président, Québec, placements privés et planification stratégique, quelle est l’utilité de nous dire qu’un placement vaut de « 150 à 300 M$ », de « 500 à 1 G$ », de « 1,5 G$ et plus » ?

Aucune... puisque d’une année à l’autre, le placement XYZ va toujours évoluer dans la même fourchette.

Que la Caisse cesse donc de jouer à la cachette avec la valeur de ses placements privés, immobiliers et infrastructures !

Hâte de voir ce que la Caisse deviendra sous votre direction.

À bon entendeur, salut !

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