Combien les contenus médiatiques québécois rapportent-ils à l’empire Facebook de Mark Zuckerberg? C'est la question à laquelle Jean-Hugues Roy, professeur en journalisme à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), tente de trouver réponse.
Depuis plus d’un an, le journaliste s’intéresse aux enjeux concernant les revenus publicitaires générés par le roi des médias sociaux et la part redevable aux médias d’information dans cette équation.
«On dit que les médias d’information sont en crise et que le modèle d’affaires est éclaté», faisant ici référence aux chutes de revenus publicitaires chez plusieurs médias traditionnels.
«Mais en fait, on se rend compte que le modèle n’est pas nécessairement éclaté. Il s’est simplement transformé pour se tourner vers les plateformes comme Facebook.»
Avec ce constat en tête, M. Roy a tenté d’estimer l’ampleur du transfert de ces revenus, sans grand succès. «Je n’avais pas de chiffres concrets sous la dent pour déterminer le pourcentage de contenu médiatique redistribué sur Facebook à l’époque.»
Une révélation qui change la donne
L’annonce de Zuckerberg du 19 janvier dernier a tout changé. Le célèbre fondateur de la plateforme déclarait que le pourcentage de contenu médiatique passerait de 5 % à 4 % en raison du nouvel algorithme.
«Je pouvais enfin avoir une bonne idée de ce que les médias québécois rapportaient en revenus publicitaires à Facebook», écrit M. Roy.
En se fiant aux chiffres présentés dans le rapport annuel de l’entreprise, M. Roy en est arrivé à des résultats ahurissants.
En multipliant le nombre d’usagers québécois (environ 5,49 millions) aux revenus publicitaires moyens par utilisateur (82,21 $), les Québécois auraient fait gagner plus de 451,2 millions $ US à l’entreprise en 2017.
Cela équivaut environ à 586 millions $ canadiens. Ainsi, de ces 586 millions $, 23,4 millions (4 %) proviendraient des contenus proposés par les médias d’ici.
Pour un partenariat plus juste
Jean-Hugues Roy est catégorique: la moitié des sommes de ces revenus devrait être versée à nos médias.
Pourquoi la moitié? «À mon sens, la relation entre Facebook et les médias d’information, c’est du donnant-donnant. Les médias utilisent la plateforme pour diffuser leurs contenus et en échange Facebook leur offre de la visibilité», indique l’expert en journalisme de données.
«Il devrait donc y avoir une sorte de partenariat d’affaires qui se crée entre les deux parties.»
Ultimement, cette collaboration permettrait entre autres d’assurer la pérennité du journalisme d’enquête qui s’attaque aux enjeux et préoccupations propres aux Québécois.
Rupert Murdoch, le magnat et fondateur de News Corporation, est du même avis. Dans un communiqué publié sur le site de sa compagnie, il a déclaré que «payer les entreprises de presse et les journalistes n’aurait qu’un impact mineur sur les profits de Facebook, alors que cela offrirait des perspectives d’avenir plus reluisantes pour les médias.»
Hélas, cette situation est loin d’arriver de sitôt. «Facebook ne paiera jamais les médias par lui-même», lance le professeur contrarié.
«Il va falloir que le gouvernement fédéral arrête de niaiser et qu’il commence à redistribuer les richesses de manière équitable aux médias. Sinon, ces injustices vont persister.»
Toutefois, de la façon dont le gouvernement Trudeau a plié l’échine devant Netflix, n’est-il pas un brin utopique d’espérer que de telles mesures soient mises en place?
Pour consulter l’article de M. Roy, c’est par ici.
http://www.tvanouvelles.ca/2018/03/24/facebook-devrait-il-verser-des-millions-aux-medias-quebecoisBagikan Berita Ini
0 Response to "Facebook devrait-il verser des millions aux médias québécois?"
Post a Comment