
ESSENCE - La FNSEA compte bloquer 13 raffineries et dépôts de carburant du groupe Total à partir de dimanche soir pour protester contre les importations d'huile de palme qui nuisent, selon le syndicat agricole, aux producteurs français de colza dans la conception des biocarburants. Les conséquences sur l'approvisionnement des stations devraient être peu perceptibles.
- La rédaction de LCI
Vers une pénurie d'essence en France ? On en est encore très loin. Mais à partir de dimanche soir, la FNSEA va bloquer 13 raffineries et dépôts de carburant du groupe Total avec des tracteurs et des tentes pour protester contre l'importation d'huile de palme, que les agriculteurs accusent de nuire aux producteurs français d'huile de colza.
Les 13 sites bloqués se situent à Donges (Loire-Atlantique), Gonfreville l'Orcher, Dunkerque (Nord), Coignières (Yvelines), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Grandpuits (Seine-et-Marne), Vatry (Marne), Strasbourg, Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon et Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) et Toulouse. Un chiffre à mettre en perspective avec les sept raffineries et 200 dépôts dont environ 90 dépôts principaux, que compte la France. La FRSEA d'Ile-de-France a toutefois annoncé son intention de bloquer également le dépôt de carburant de Grigny (Essonne), paralysant ainsi les principaux dépôts de la région.
La profession a en ligne de mire, en particulier, la bio-raffinerie de La Mède, qui va utiliser à partir de sa mise en service, cet été, 50% d'huile de palme importée, moins chère, pour produire du bio-carburant. Au total : 300.000 tonnes de cette huile, exploitée au prix de la déforestation en Malaisie ou Indonésie et présentant un très mauvais bilan carbone. Une concurrence redoutée par les producteurs de colza, qui dénoncent, selon la FNSEA, "le double langage du gouvernement" qui autorise, dans le cadre des négociations internationales, des contingents d'importation complémentaires d'huile de palme.
Limité dans le temps
Le blocage de l'approvisionnement sera toutefois limité dans la durée. L'action de la FNSEA est en principe prévue jusqu'au mercredi 13 juin, jour où doit se tenir à Bruxelles une réunion déterminante sur l'utilisation (contestée) de l’huile de palme dans les biocarburants. Les conséquences à la pompe pour les automobilistes devraient donc être minimes voire invisibles car la France dispose de plusieurs mois de réserves stratégiques.
Un arrêté préfectoral a autorisé le 16 mai le projet de la raffinerie de La Mède, malgré les prises de position du ministre Nicolas Hulot contre l'utilisation de cette ressource. Dans son combat contre l'importation d'huile de palme, la FNSEA offre, de façon inédite, un front commun avec les ONG environnementales, qui pointent les responsabilités de l'exploitation de l'huile de palme dans la déforestation et dans la perte de biodiversité. Mais pour le porte-parole de LaREM, Gabriel Attal, la FNSEA joue un double jeu.
Interrogé à ce sujet dans l'émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, le porte-parole a d'abord tenu à expliquer aux agriculteurs s'apprêtant à bloquer raffineries et dépôts de carburant que l'Etat ne pouvait pas se dédire de l'accord scellant l'importation d'huile de palme par la bioraffinerie Total de La Mède, mais qu'il était "vigilant". Cette raffinerie est "issue d'un accord signé entre le précédent gouvernement et Total. On n'a pas pour habitude de revenir sur des accords, on respecte cet accord, mais on le respecte avec vigilance", a-t-il indiqué. "On a demandé à Total de réduire la part d'importation d'huile de palme dans cette raffinerie, elle sera en dessous des 50%", et de "développer une haute qualité environnementale".
Il a en outre voulu "dire aux agriculteurs qui se mobilisent - parce que derrière ça il y a un groupe, notamment Avril, le groupe de la filière colza française - que ce groupe lui-même importe 200.000 tonnes d'huile de palme chaque année et que donc il faut qu'ils disent qu'ils sont conscients des enjeux de compétitivité, et que si eux-mêmes importent des centaines de milliers de tonnes d'huile de palme, ils peuvent peut-être comprendre qu'aujourd'hui on ne peut pas en sortir tout de suite. Il faut donc balayer un peu devant sa porte", a jugé M. Attal.
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