Loin des feux de la rampe comme les ex-Dragons Caroline Néron et Alexandre Taillefer, François Pouliot et Stéphanie Beaudoin, deux entrepreneurs de 54 et 49 ans d’Hemmingford, s’attellent à repartir discrètement à zéro, quelques mois après avoir tout perdu de leur firme de cidre de glace, La Face cachée de la pomme, fondée il y a 25 ans.
« La Face cachée de la pomme, c’était notre mode de vie. Le verger de 25 acres était attenant à notre résidence, où la production était réalisée en partie. C’était ce par quoi l’on se définissait », explique François Pouliot.
Les deux partenaires avaient investi leur argent et leur cœur dans ce projet de vie. L’entreprise montérégienne revendique la paternité mondiale du cidre de glace, la première bouteille ayant été vendue dès 1999 à la SAQ sous l’étiquette Neige. En plus de ce produit de haute qualité, elle a notamment innové avec un gin à base de pomme.
Quand ça va mal...
L’année 2018 a toutefois été particulièrement pénible pour eux. En juin dernier, le couple a littéralement tout perdu (contrôle de sa cidrerie, marques de commerce Neige, Smac ! et Petit Pinnacle, équipement de production, cuves, etc.) à la suite d’une bataille juridique l’opposant à d’anciens associés du groupe Pomdial. Ceux-ci avaient joint l’organisation afin d’injecter des capitaux pour stimuler les ventes du cidre de glace, chutant depuis quelques années.
« Même si nous avions gagné des prix internationaux et locaux pour la qualité de nos produits, les ventes avaient plafonné et il fallait réinvestir en marketing, avoue François Pouliot. Par conséquent, nous avons élargi l’actionnariat en 2016. » La concurrence s’était en effet fortement accrue, le Québec comptant à une certaine époque plus d’une cinquantaine de producteurs de cidre de glace.
Dès l’arrivée des nouveaux partenaires, des différends sont apparus, principalement dans les processus et les opérations quotidiennes. Puisque les décisions devaient toujours être unanimes, les activités de l’entreprise ont fortement ralenti. Cependant, impossible de racheter les parts des associés en raison du coût de 1,5 million $. Devenus impatients, les créanciers bancaires ont alors saisi des éléments de la société. Deux offres ont ensuite été déposées, et la cour a tranché en faveur de celle de Pomdial, supérieure de 200 000 $.
Une relance rapide
À peine quelques mois après cet important revers, François et Stéphanie ont mis sur pied Verger Hemmingford, puis ont déclenché une campagne de sociofinancement sur la plateforme Kickstarter. Sur un objectif de 50 000 $, plus de 68 000 $ ont été récoltés.
Dans cette initiative, ils ont été épaulés par divers ambassadeurs de la nouvelle marque, dont la sommelière Jessica Harnois, le chef Danny St-Pierre et la nutritionniste Isabelle Huot.
Le but, ici, est de générer des fonds pour lancer Le Cidre original Verger Hemmingford, qui s’apparentera à Smac !, lequel faisait partie du portefeuille de La Face cachée de la pomme. Vendu en cannettes, il s’inscrira dans la catégorie du prêt-à-boire, un créneau en pleine ébullition partout, observe François Pouliot.
« Nous allons positionner notre nouveauté comme une alternative à la bière, donc, un cidre se buvant en diverses circonstances, explique Stéphanie Beaudoin. Ainsi, nous pourrons étaler sa production sur toute l’année, à raison d’environ 20 000 litres chaque mois, contrairement à celle du cidre de glace traditionnel, celui-ci étant surtout consommé à une période précise. »
Tabler sur les acquis
Pourquoi replonger dans l’aventure et dans la même industrie aussitôt après les déboires de 2018 ? « Parce que nous n’avons pas dit notre dernier mot, répond sans hésiter François Pouliot. Nous sommes réputés dans ce domaine et nous possédons toujours notre verger, de même que notre expertise. »
La nouvelle production sera officiellement dévoilée au début de mars.
https://www.journaldemontreal.com/2019/01/28/repartir-a-zero-apres-25-ans-dinvestissement-et-damour
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