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Moins de stationnements au REM : Bonnardel réitère sa confiance, l'opposition s'inquiète - ICI.Radio-Canada.ca

Maquette de la station Sainte-Dorothée du Réseau électrique métropolitain
CDPQ Infra prévoyait aménager 1600 places de stationnement à la station Sainte-Dorothée du REM. Elle n'en envisage plus que 1107 aujourd'hui. Photo: Caisse de dépôt et placement du Québec
François Messier

Le ministre québécois des Transports, François Bonnardel, convient que la disparition de près de 6000 places de stationnement incitatif près de futures gares du Réseau express métropolitain (REM) est « préoccupante », mais il est persuadé que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) saura « évaluer les besoins des futurs usagers ». Les partis d'opposition n'en sont pas convaincus.

Radio-Canada a révélé jeudi que plus de 35 % des places de stationnement incitatif initialement prévues autour de gares dans les banlieues ouest, sud et nord de Montréal ont été subrepticement retirées des plans initiaux pour des raisons qui demeurent nébuleuses. Alors que la Caisse en prévoyait 15 413 en 2016, elle n’entend plus en construire que 10 111.

L’affaire fait craindre que les résidents des municipalités concernées – Kirkland, Pointe-Claire, Sainte-Anne-de-Bellevue, Deux-Montagnes, Sainte-Dorothée et Brossard, notamment – ne puissent accéder aux gares et renoncent donc à prendre le REM, pour continuer d’utiliser leur véhicule.

CDPQ Infra, la filiale de la Caisse qui est maître d’œuvre du projet de plus de 6 milliards de dollars, assure que tout sera mis en place pour acheminer les usagers vers les gares. Elle dit compter sur un « cocktail de transports » et un réaménagement du transport collectif dans les secteurs touchés pour y parvenir.

« Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai entièrement confiance à la Caisse de dépôt pour évaluer les besoins des futurs usagers qui utiliseront le REM », a assuré le ministre Bonnardel, après une conférence de presse à Lévis. « Je sais que la Caisse travaille sur plusieurs scénarios autres que ceux qu’on a entendus ce matin. »

J’en conviens que ça peut être préoccupant pour ceux qui ont lu cette nouvelle ce matin. [...] Le défi, c'est d'amener un changement de comportement des usagers.

François Bonnardel, ministre des Transports du Québec

« On va être capables […] d’amener ces changements de comportement importants pour les usagers dans le futur », a-t-il ajouté. « Pour moi, la première chose qu’on doit assurer, c’est que l’usager, pour qu’il change ses comportements, se dise : "si je vais me stationner là, ça va me prendre tant de temps, ça va me coûter tant pour me rendre à mon travail ou ailleurs". Donc, je leur fais confiance. »

« Catastrophe », « inquiétant », « contre-productif », estiment les partis d'opposition

Cette confiance affichée par le ministre n’est pas partagée par le Parti libéral, le Parti québécois et Québec solidaire.

« Ça va être une catastrophe à l'ouverture », anticipe Gaétan Barrette, porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports et député libéral de La Pinière, la circonscription qui englobe la ville de Brossard.

« La diminution des stationnements doit être compensée par une augmentation de la performance du transport en commun. Mais il manque du financement pour cela », ajoute-t-il.

M. Barrette se demande pourquoi les autres sociétés de transport de banlieue ne bénéficient pas d'un investissement supplémentaire comme celui qui a permis à la Société de transport de Montréal (STM) d'acquérir 300 autobus de plus.

Le REM, c'est en 2021, c'est demain matin.

Gaétan Barrette, porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports

Le porte-parole péquiste en matière de transports, Joël Arseneau, juge ce développement « plutôt inquiétant », tandis que celui de Québec solidaire, Vincent Marissal, le qualifie de « contre-productif »

« Les travailleurs qui n’ont pas accès à ces stationnements risquent tout simplement de prendre leur voiture pour se rendre au travail. L’objectif d’un tel projet de transport n’était-il pas de retirer un maximum de voitures des routes, pour désengorger la circulation et réduire les émissions de GES? » s’interroge M. Arseneau.

La Caisse semble prête à n’importe quoi pour réduire les coûts de construction et augmenter son profit par passager. Le gouvernement doit rappeler la Caisse à l’ordre, exiger plus de transparence et lui demander de revoir ses plans et les redessiner dans un objectif clair : donner le plus de chances possible aux automobilistes de profiter du REM.

Joël Arseneau, porte-parole du Parti québécois en matière de transports

« C’est un très mauvais signal à envoyer aux villes de la couronne nord de Montréal qui se font dire essentiellement : ça va être pas mal à vous finalement de vous arranger pour que vos citoyens puissent se rendre comme [ils pourront] vers le REM », a commenté Vincent Marissal.

« Il y a des gens dans la couronne nord qui n’ont pas vraiment d’autre choix, parce qu’il n’y a pas de transport en commun, que de prendre l’auto. Ils étaient prêts à le faire jusqu’à un stationnement incitatif », croit le député de Rosemont.

Pourquoi avoir scrappé ces 6000 places de stationnement incitatif? C’est contre-productif. C’est à n’y rien comprendre.

Vincent Marissal, porte-parole de Québec solidaire en matière de transports

« Le gouvernement devra financer rapidement le transport collectif pour permettre aux gens de se rendre au REM : plus d'autobus, mais aussi plus de voies réservées et d'autres modes plus lourds, comme un tramway sur le boulevard Taschereau par exemple, un engagement de la CAQ essentiel pour la Rive-Sud », a commenté pour sa part Catherine Fournier, députée indépendante de Marie-Victorin.

La mairesse de Brossard, Doreen Assaad, ne cache pas qu'elle craint un recul du transport collectif dans sa municipalité.

« Nous on veut s’assurer au niveau de la sécurité publique que les choses vont bien, que la circulation soit fluide sur le territoire. On ne veut pas que la ville de Brossard devienne un stationnement », a-t-elle indiqué. « On veut que les gens se rendent où ils doivent aller en sécurité, et facilement, à coût raisonnable. »

Surtout, sachant que [le REM] va se rendre jusqu’à l’aéroport Dorval, il faut qu’on prévoie des stationnements à long terme, qu’on prévoie des solutions. Sinon, pour nous, la première étape à franchir ne sera pas un succès.

Doreen Assaad, mairesse de Brossard

« Gérer, c'est choisir »

En entrevue à Gravel le matin, le directeur exécutif, affaires corporatives et développement, à CDPQ Infra, Harout Chitilian, n’a pas offert d’explications précises pour la disparition de ces places de stationnement, mais a assuré que des solutions seront trouvées.

« Gérer, c’est choisir », a-t-il fait valoir. « Il y a des choix qui ont été faits, il y a des modifications importantes qui ont été faites par l’ajout de deux stations qui se connectent à la ligne bleue et verte. Il y a des modifications importantes qui ont été faites sur la Rive-Sud […] et, dans le secteur de l’autoroute 13, pas loin de l’ouest de l’île, il y a une station qui a été enlevée. »

« Donc les modifications se sont faites en continu, c’est un projet en ingénierie continue », a-t-il ajouté.

M. Chitilian admet tout de même qu’il faudra « repenser le transport collectif dans des secteurs qui sont extrêmement motorisés », et que cela constituera un « défi ». Il n’en assure pas moins que « des solutions vont être disponibles » pour les futurs usagers du REM.

« Il y a l’autopartage, les véhicules en libre-service, mais également, on n’est pas loin, dans 5, 10, 15 ans - parce que c’est un réseau pour les 100 prochaines années – des véhicules autonomes pour déplacer les gens. On n’est pas loin de ces solutions novatrices », a-t-il prophétisé.

Présentement, peut-être [que] certaines personnes cherchent des réponses, [qu'elles] n'ont pas trouvé encore des options valables. Mais toutes les parties prenantes ont l’obligation de travailler ensemble pour trouver des solutions, et surtout se projeter dans les 10, 20, 30, 40, 50 prochaines années.

Harout Chitilian, directeur exécutif, affaires corporatives et développement, à CDPQ Infra

Pour les stations Pointe-Claire et Kirkland, CDPQ Infra négocie en outre avec des entreprises privées qui possèdent des centres commerciaux près des gares, afin que les futurs usagers du REM puissent y stationner leur véhicule, affirme M. Chitilian.

Avec les informations de Thomas Gerbet

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