
Une aide financière du gouvernement ne compromettrait pas l’indépendance des médias, selon la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
Le recours aux fonds publics pour endiguer la crise qui secoue actuellement les journaux ne menace pas la liberté de presse, a assuré mardi le reporter de CTV Stéphane Giroux, lors de son passage devant les députés de l’Assemblée nationale.
«Prenons (l’exemple) de l’un des médias les plus crédibles et qui produit des contenus de très haute qualité mondialement reconnus, la BBC, qui est hautement subventionnée par l’État britannique et qui exerce sa mission en toute indépendance», fait valoir la FPJQ, dans son mémoire déposé à la commission parlementaire sur l’avenir des salles de nouvelles.
Le document mentionne également Radio-Canada et son réseau anglophone CBC qui, malgré un haut niveau d’appui du gouvernement fédéral, exercent leur «mandat d’information de façon totalement indépendante».
Omniprésence des «commentateurs»
Au député péquiste Harold Lebel, qui déplorait la présence de plus en plus grande des «commentateurs» dans les médias, le président Giroux a dû admettre que c’est là une des conséquences de la précarité des entreprises de presse.
«Une enquête journalistique peut couter jusqu’à 10 000 $, peut-être même 100 000 $ sur des gros dossiers. Une chronique, ça ne coute rien. Alors des fois, il y a des médias, à court de budget pour faire du journalisme, de l’enquête, qui vont faire du commentaire», a-t-il précisé.
Comme des artistes
Et la précarité touche aussi les artisans de l’information, a affirmé la présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec. Selon Gabrielle Brassard-Lecours, les conditions socioéconomiques de ses membres s’apparentent à celles de plusieurs artistes.
Montréalisation de l’information
La disparition des journaux régionaux du Groupe Capitales Médias risque de créer une montréalisation de l’information au Québec, s’est aussi inquiété la FPJQ.
«Il y aurait des quotidiens à Montréal, un à Québec, et qui, ensuite, s’occuperait de couvrir ce qui se passe en région? a dit Stéphane Giroux. Quelle salle de nouvelles à Montréal va envoyer un journaliste voir ce qui se passe à Stukely-Sud? Qui va envoyer un journaliste à l’hôtel de ville d’Amqui, voir ce qui se passe là-bas? C’est impensable!»
Le président de la FPJQ a invité le gouvernement Legault à donner l’exemple en réduisant ses publicités sur le web et en annonçant davantage dans les journaux.
Québec a déboursé 3,7 M$ en publicité sur les plateformes des géants du web l’an dernier, une somme record, a révélé mardi Le Devoir.
Les Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM) de ce monde doivent également contribuer à l’effort de guerre, estime la FPJQ. «Les GAFAM prennent le contenu, le distribuent, ne paient rien en redevances», a rappelé Stéphane Giroux.
Télé-Québec à la rescousse?
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) demande quant à elle à la CAQ d’investir des fonds publics pour élargir le mandat de Télé-Québec en région. Selon la présidente Sonia Ethier, la télévision publique pourrait contribuer à maintenir la vitalité de l’information régionale.
«Plusieurs régions ou localités n’ont déjà plus accès à des nouvelles qui les concernent. De toute évidence, la diversité et la pluralité des sources d’information, essentielles en démocratie, sont en péril, et le gouvernement doit trouver des solutions durables et non ponctuelles», a fait valoir la CSQ.
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