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Recycleur pris la main dans le «pot» - TVA Nouvelles

Le recycleur de réfrigérateurs à qui le gouvernement Legault vient d’accorder un monopole possède également une compagnie qui se vante de fournir du cannabis médical d’une façon interdite par la loi.  

Le président de PureSphera, Jean Shoiry, a fait la manchette il y a trois semaines lorsque le gouvernement a annoncé des mesures qui risquent de lui donner le monopole du recyclage des réfrigérateurs au Québec.   

Notre Bureau d’enquête a découvert qu’il est aussi actif dans l’industrie du cannabis. Il est l’un des deux actionnaires de Groupe SûrNaturel.  

Le site internet de cette compagnie basée en Estrie annonçait jusqu’à la semaine dernière fournir du cannabis thérapeutique aux patients ayant une prescription.  

Selon ce qu’on pouvait y lire, en s’inscrivant, un patient se faisait attribuer un producteur pour cultiver son cannabis. Mais en attendant que la première récolte soit prête, l’entreprise proposait de leur fournir du cannabis provenant de ce qu’ils appelaient une « voûte surnaturelle ».  

Sans se prononcer sur ce cas précis, Maxime Guérin, avocat spécialiste des lois sur le cannabis, explique qu’un producteur désigné ne peut fournir que deux patients et seulement le cannabis de la récolte qui leur est attitrée.  

« La loi prévoit aussi que tu dois détruire tes surplus si tu en as », ajoute celui qui est associé pour le Groupe SGF. Une réserve permettant de fournir des tiers, comme le suggère le site, est donc interdite.  

Les deux partenaires de SûrNaturel sont restés vagues quant au concept de voûte. M. Shoiry, qui s’est joint au projet en juin 2018, affirme qu’il s’agit d’une erreur. Il assure que la voûte tout comme l’équipe de producteurs n’ont jamais existé.  

« L’idée initiale, le modèle initial ne s’est jamais concrétisé », insiste-t-il.    

Le contenu du site a été effacé dans les heures suivant l’appel de notre Bureau d’enquête.   

Son partenaire, Vincent Leblond, qui a démarré le projet, est producteur désigné de deux patients.  

« La voûte n’existe pas, j’ai essayé le plus fort possible que ce ne soit pas compris de cette façon, a-t-il expliqué tout en disant hésiter à s’avancer sur un « terrain glissant » puisque les producteurs ont mauvaise presse ces temps-ci, selon lui.  

L’entreprise de recyclage de M. Shoiry, Pure-Sphera, est la seule capable de recycler la mousse isolante des réfrigérateurs au Canada. Le gouvernement Legault vient d’annoncer un règlement qui forcera les détaillants à recycler entièrement les électroménagers.  

PureSphera hérite donc d’un monopole, selon le Conseil canadien du commerce de détail. M. Shoiry rejette cette critique affirmant que rien n’empêche d’autres entreprises de lui faire concurrence.   

— Avec la collaboration de Jean-François Gibeault  

  • Une personne qui cultive du cannabis pour un maximum de deux patients ayant une prescription  
  • Il ne peut fournir que ces deux patients et seulement la quantité prévue sur leur inscription à Santé Canada  
  • Les surplus doivent être détruits et ne peuvent servir en aucun cas à constituer une réserve pour fournir d’autres patients    

L’entrepreneur Jean Shoiry nourrit de grandes ambitions pour le cannabis.  

En plus de Groupe SûrNaturel, il est aussi président de Culture Kizos, une compagnie de cannabis dont les installations sont situées dans le même bâtiment que son usine de recyclage de réfrigérateurs, à Bécancour.  

« C’est un bâtiment de 150 000 pi2 entièrement sécurisé, avec des cloisons qui permettent de complètement isoler les activités », insiste M. Shoiry.  

Kizos et SûrNaturel seront impliqués dans un projet de recherche de trois ans en partenariat avec L’UQTR et Innofibre, un centre d’innovation affilié au cégep de Trois-Rivières. Les partenaires ont déposé une demande pour des licences de culture auprès de Santé Canada et l’objectif est de développer des produits médicaux, notamment.  

  

Plutôt que de fournir du cannabis directement à des patients comme c’était prévu, Groupe SûrNaturel servira plutôt de laboratoire pour développer des génétiques qui seront ensuite vendues à Kizos.  

SûrNaturel tente d’obtenir une licence de micro-production pour une petite culture de 200 m2, en Estrie. Kizos est en attente d’une licence de producteur autorisé qui permettrait de vendre à la SQDC, mais ce n’est pas dans les plans pour l’instant, dit M. Shoiry. « Le marché récréatif n’est pas la première option envisagée, assure-t-il. L’idée serait de vendre à d’autres entreprises comme un extracteur ou un producteur licencié qui vend déjà dans le médical. » En attendant leur permis, ces entreprises ne peuvent vendre du cannabis.  

  

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