Ensemble, Hydro-Québec et Innergex pourraient investir entre 4 et 5 milliards de dollars au cours des trois prochaines années dans des projets de production, de transport et de stockage d’énergie verte à travers le monde.
En devenant le principal actionnaire de la petite entreprise de Longueuil, Hydro-Québec veut créer « un champion mondial des énergies renouvelables », capable de rivaliser avec EDF, Enel et les autres géants du secteur, affirme Éric Martel, le président-directeur général de la société d’État.
Hydro-Québec investit 661 millions pour obtenir 19,9 % du capital-actions du producteur privé d’énergie. Le prix payé, 19,08 $ par action, est supérieur de 5 % au cours moyen de l’action pendant les 30 derniers jours. Ce n’est pas trop cher payé, soutient Éric Martel, compte tenu de « l’engouement extrême sur le marché » pour ce type d’entreprises.
En plus de sa participation au capital-actions, Hydro-Québec s’engage à investir 500 millions dans des projets énergétiques qui seront développés conjointement avec Innergex. « Comme on mettra la même somme et qu’il y aura une partie de dette, on parle de 4 à 5 milliards d’investissements possibles en trois ou quatre ans », avance Michel Letellier, président et chef de la direction d’Innergex.
L’investissement d’Hydro-Québec dans Innergex est un premier pas qui pourrait mener beaucoup plus loin, laissent entendre les deux parties.
Hydro-Québec a déjà la possibilité d’augmenter sa participation de 19,9 % à 25 %, indique son président, qui n’a pas écarté la possibilité de devenir l’actionnaire majoritaire d’Innergex.
De son côté, le président d’Innergex explique qu’avoir Hydro-Québec comme principal actionnaire assure la pérennité de son entreprise. « On aurait pu financer notre expansion en émettant plus d’actions, mais une entreprise comme la nôtre, sans actionnaire de contrôle, est toujours menacée », précise-t-il.
Michel Letellier ne craint pas que son association avec une société d’État lui ferme des portes, notamment aux États-Unis où les entreprises appartenant à des gouvernements étrangers ne sont pas toujours les bienvenues.
De l’argent fort bienvenu
Pour Innergex, l’investissement en capital-actions de 661 millions d’Hydro-Québec arrive à point. L’entreprise mène de front plusieurs projets d’expansion sur la planète, d’Hawaii jusqu’au Chili.
L’entreprise née il y a 30 ans du premier appel d’offres d’Hydro-Québec pour un parc éolien en Gaspésie entend utiliser une partie de cet argent pour réduire sa dette. L’analyste Rupert Merer, de la Banque Nationale, estime qu’Innergex pourra réduire ses coûts de financement de 10 millions par année. Le titre d’Innergex s’est envolé après l’annonce de la transaction, grimpant de près de 12 %, à 21,09 $.
Innergex consacrera 50 millions de ces nouveaux fonds à la poursuite de son projet solaire de 200 mégawatts en Ohio et pour financer l’achat de panneaux solaires pour des projets sur le sol américain.
Innergex négocie aussi deux acquisitions, aux États-Unis et au Chili qui, si elles se concrétisent, seront financés par l’apport de capital de son nouvel actionnaire.
Hydro-Québec veut depuis longtemps investir à l’international, mais malgré ses efforts, aucune transaction n’a pu être conclue. La concurrence est forte pour les actifs de qualité, a expliqué Éric Martel.
Il y a eu des cas où il y avait de 20 à 30 soumissionnaires et où on est arrivés deuxièmes.
Éric Martel
Hydro-Québec estime que son association avec Innergex est le meilleur moyen de réaliser ses ambitions à l’étranger, surtout que les deux entreprises s’intéressent aux mêmes marchés. Innergex a construit le plus grand parc solaire du Texas et a plusieurs autres projets en cours au sud de la frontière.
L’expertise et les moyens financiers d’Hydro-Québec, combinés à l’agilité et à la connaissance des marchés d’Innergex, devraient générer des occasions de croissance pour les deux entreprises.
Les deux parties s’engagent à présenter en exclusivité des projets de développement à l’autre partie pendant une période de trois ans, pour commencer. Les activités visées sont les parcs solaires et éoliens, le stockage d’énergie et les réseaux autonomes.
Les deux entreprises s’intéressent aussi aux projets de centrales hydroélectriques qui, selon la taille du projet, pourraient être construites ensemble ou par Hydro-Québec seulement.
Innergex en bref
Créée en 1990 pour répondre au premier appel d’offres d’Hydro-Québec pour de l’énergie éolienne
Revenus (2018) : 576,6 millions
Profits (2018) : 25,7 millions
Puissance installée : 2588 mégawatts
37 centrales hydroélectriques
26 parcs éoliens
5 parcs solaires
Présence : Canada, États-Unis, France, Chili
Projets en développement : 296 mégawatts
3 projets hydroélectriques
3 projets solaires
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