
Rien ne semble pouvoir freiner l'ascension de Facebook. L'affaire Cambridge Analytica a certes conduit Mark Zuckerberg à être interrogé pendant dix heures par les parlementaires américains et a fait fondre la capitalisation de l'entreprise de plus de 70 milliards de dollars en un mois. Mais elle n'a pas empêché l'entreprise de publier des résultats records mercredi. « Malgré les défis importants auxquels nous sommes confrontés, notre communauté et nos activités démarrent fort en 2018 », a déclaré le patron de Facebook dans un communiqué.
Porté par les recettes publicitaires, qui représentent la quasi-totalité de ses revenus, le chiffre d'affaires de l'entreprise californienne a dépassé les prévisions de Wall Street. Celui-ci a augmenté de 49 % en un an, pour atteindre près de 12 milliards de dollars au premier trimestre. Et l'entreprise a dégagé un bénéfice de presque 5 milliards de dollars, en hausse de 63 % par rapport aux trois premiers mois de l'année 2017.
2,2 milliards d'utilisateurs
Les révélations sur la fuite de leurs données ne semblent pas avoir fait fuir les utilisateurs. Le mouvement #deletefacebook qui les enjoignait à supprimer leurs comptes a été un voeu pieux : le nombre de personnes se connectant au réseau social chaque mois a augmenté de 13 % pour atteindre 2,2 milliards d'utilisateurs. Même aux Etats-Unis, où le nombre stagnait au précédent trimestre, la croissance est repartie à la hausse. L'impact réel reste difficile à estimer car l'affaire a éclaté quinze jours seulement avant la fin de premier trimestre, mais Facebook a indiqué ne pas prévoir d'effet sur le nombre d'utilisateurs.
Mercredi, Mark Zuckerberg a répété que la plate-forme adoptait désormais une « vision plus large de sa responsabilité » et voulait s'assurer que « ses outils étaient utilisés pour faire le bien ». Mais il a surtout réaffirmé qu'il ne comptait pas changer de « business model », en défendant fermement l'usage de la publicité.
Hausse des dépenses
Les résultats ont rassuré les marchés : le titre bondissait de 8 % jeudi matin en Bourse. Mais certaines prévisions indiquent que l'entreprise pourrait avoir du mal à maintenir le même niveau de rentabilité. Le taux de croissance des dépenses a été revu à la hausse pour l'année 2018 pour atteindre une fourchette entre 50 et 60 %, contre 45 % auparavant.
« Nous dépensons plus rapidement que nous l'avions anticipé », a expliqué David Wehner, le directeur financier de l'entreprise, évoquant notamment l'augmentation des coûts de sécurité afin de résoudre les problèmes rencontrés lors des dix-huit derniers mois - « fake news », interférence étrangère dans les élections...
Ralentissement en Europe
Autre nuage possible : une « stagnation voire un léger ralentissement » du nombre d'utilisateurs dans l'Union européenne au deuxième trimestre, suite à l'entrée en vigueur du nouveau règlement sur la protection des données personnelles . « Nous ne prévoyons pas d'effets significatifs sur notre chiffre d'affaires, mais de potentiels impacts sont envisageables », a déclaré David Wehner.
Plus que le nombre d'utilisateurs, les analystes s'inquiètent de l'évolution du revenu que la société tirera de ces utilisateurs, les plus lucratifs après les Américains. Si l'adoption des fonctionnalités permettant de limiter les données collectées est large, Facebook pourra moins bien cibler ses publicités et leur prix pourra donc baisser, a reconnu le directeur financier.
Dernière inconnue : l'évolution du temps passé sur la plate-forme. Alors qu'il avait déclaré que celui-ci avait reculé de 5 % sur les trois derniers mois de l'année 2017, Mark Zuckerberg a cette fois simplement indiqué que la consommation passive de vidéos diminuait comme prévu. Un sondage effectué par Cowen & Co semble cependant confirmer que les usagers ressentent de moins en moins souvent le besoin de se connecter : au premier trimestre, l'utilisation quotidienne des personnes interrogées était de 53 minutes, une baisse de 5 minutes par rapport à l'année précédente.
VIDEO. Les cinq temps forts de l'audition de Mark Zuckerberg au Sénat américain
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