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Le mauvais calcul de la Caisse - Le Journal de Montréal

Faire rouler le REM avec des trains indiens sous prétexte qu’ils coûtent moins cher que les trains fabriqués ici au Québec, quelle vision économique de courte vue de la part de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de son PDG Michael Sabia, le grand manitou du REM.

Suivant cette logique d’achat, aussi bien fermer toutes les usines du Québec pour n’acheter que des produits fabriqués à faibles coûts dans des pays où la main-d’œuvre gagne un salaire dérisoire.

On l’a vu avec les trains du REM que la multinationale française fait fabriquer en Inde. Pour les mêmes jobs, selon le reportage de samedi dernier du Journal sur les trains du REM, les salariés indiens gagnent un salaire dix fois moins élevé que nos travailleurs québécois.

Il est évident que les trains sortant de l’usine indienne de la multinationale Alstom reviennent à un prix nettement inférieur à ceux qui sont fabriqués à l’usine de Bombardier de La Pocatière.

ÉCONOMIQUEMENT

Mais est-ce politiquement et économiquement une bonne décision que nos divers paliers de gouvernement (municipal, provincial, fédéral) et nos sociétés d’État fassent comme la Caisse en optant pour des produits étrangers à bon marché au lieu de payer un peu plus cher en favorisant l’achat de produits fabriqués ici au Québec ?

À mon humble avis, NON ! Je vous explique pourquoi en décortiquant la décision de la Caisse de privilégier les trains indiens d’Alstom au détriment des trains québécois de Bombardier Transport.

1. L’achat des trains indiens (280 millions $) est payé entièrement à même nos impôts et nos épargnes puisque la réalisation du REM est entièrement financée par la Caisse (dont les déposants, c’est nous) et les gouvernements du Québec et d’Ottawa à même nos impôts.

2. Cet investissement de 280 millions $ ne rapporte aucune retombée économique en sol québécois puisqu’il va directement dans les coffres de la multinationale d’Alstom pour défrayer les coûts de production de son usine en Inde, tout en se prenant un profit.

3. Pour le Québec et le Canada, cet investissement « indien » signifie zéro revenu d’impôts et zéro revenu de taxes.

4. Nous privons les employés de l’usine de La Pocatière de Bombardier d’un important contrat en l’octroyant aux travailleurs indiens.

5. Faute de travail, ces employés de La Pocatière vont se retrouver sur l’assurance-emploi, un régime que les travailleurs et employeurs d’ici financent eux-mêmes.

6. Et pour paraphraser Félix Leclerc : « La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à rien faire. »

7. Quand on calcule toutes les retombées économiques qu’un tel contrat de fabrication de trains aurait pu rapporter à court, moyen et long termes au Québec si la Caisse l’avait accordé à Bombardier, je reste persuadé qu’on aurait été gagnant même en payant plus cher.

AUTRES DOMMAGES

Les dommages collatéraux d’acheter des trains indiens au détriment des trains locaux de Bombardier ne se limitent pas à sept points.

La filiale Bombardier Transport s’en trouve grandement perdante. Comme on sait, ce sont les gouvernements de partout dans le monde qui octroient les contrats de transport en commun.

Que vont-ils penser maintenant de Bombardier Transport qui se fait « boycotter » dans son propre pays, dans sa propre province, dans sa propre ville... pour un projet de transport gouvernemental de grande envergure ?

Qui plus est, Bombardier Transport se fait bouder pour un projet réalisé et financé par son propre partenaire d’affaires, la Caisse de dépôt et placement. Je vous rappelle que la Caisse a investi en 2015 quelque 2 milliards de dollars pour acquérir 30 % de Bombardier Transport.

Convenons que ça fait « pic pic » de voir ton partenaire d’affaires privilégier ton grand rival mondial, Alstom, en lui octroyant toi-même un plantureux contrat.

Avec son REM, la Caisse se tire carrément dans le pied. Et dans les pieds de tous les Québécois.

Quelle image du REM fera le tour de la planète lorsque le REM sera en service ?

Ce sera celle des trains indiens d’Alstom, la rivale du partenaire québécois de la Caisse.

C’est frustrant pour les travailleurs de La Pocatière.

Je dirais même : irrespectueux !

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https://www.journaldemontreal.com/2019/11/18/le-mauvais-calcul-de-la-caisse

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