Dans cette chronique, je pourfendais le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre de l’Économie Dominique Anglade pour le « je-m’en-foutisme » et le manque de sensibilité québécoise dont ils ont fait preuve lors de l’annonce de la vente de RONA aux Américains.
Pour la ministre Anglade, la transaction s’annonçait « bénéfique » pour le Québec. Rien de moins !
Je pourfendais également la haute direction de la Caisse de dépôt et placement qui a donné, sans la moindre réticence, son aval à la vente de RONA aux Américains en cédant à Lowe’s son gros bloc d’actions de RONA.
Et concernant les engagements de Lowe’s envers RONA que les Anglade, Couillard, Michael Sabia et certains porte-parole du milieu des affaires percevaient positivement, j’émettais de sérieuses réserves, dont celles-ci :
- Quand une entreprise passe dans le giron d’une société étrangère, les décisions se prennent au siège social de la compagnie... et non au siège administratif des succursales ;
- Concernant la promesse de Lowe’s de maintenir les emplois, cela tiendra la route tant et aussi longtemps que RONA restera rentable ;
- Le jour où l’entreprise connaîtra des difficultés financières, c’est la haute direction de Lowe’s, depuis son siège social en Caroline du Nord, qui décidera de couper ou non dans le personnel ;
- Quant aux fournisseurs québécois, je les inviterais à rester calmement prudents devant l’enthousiasme de la ministre Anglade ;
- Est-ce que Lowe’s va s’engager à aider concrètement les fournisseurs québécois à exporter davantage ? Voyons donc ! ;
- Que les dirigeants de RONA appuient la transaction qui va les rendre instantanément deux fois plus riches avec leurs actions, options et droits de souscription de RONA... Je ne vois pas en quoi c’est rassurant pour le Québec.
À peine trois ans après la mainmise de Lowe’s sur RONA, force est malheureusement de constater que l’ancien fleuron de la quincaillerie est en déconstruction.
C’est le malheureux destin qu’avaient d’ailleurs anticipé à l’époque les leaders de l’opposition. Le chef caquiste François Legault et Pierre Karl Péladeau, chef du PQ à l’époque, avaient vertement dénoncé la décision du gouvernement Couillard de ne pas bloquer la transaction.
Aujourd’hui, c’est le Québec tout entier qui en subit les conséquences.
Lowe's s'enrichit
Alors que les employés et les fournisseurs de RONA étaient, hier matin, sous le choc à la suite de l’annonce de Lowe’s de fermer 34 magasins, les actionnaires de la multinationale américaine de la quincaillerie, eux, jubilaient en voyant l’action bondir de presque 7 % en Bourse.
Vers les 10 heures, l’action de Lowe’s atteignait un niveau record à 121,22 $ US.
J’imagine qu’au siège social de Lowe’s, en Caroline du Nord, la haute direction devait être fière de cette « révision stratégique » de ses opérations au Québec et dans l’ensemble du Canada.
Cette décision de fermer les 34 magasins a fait momentanément grimper de 5 milliards $ US la capitalisation boursière de Lowe’s. C’est plus de deux fois le montant de 2,3 milliards $ US que Lowe’s a payé pour mettre le grappin sur RONA.
Autre constat à faire enrager les employés de RONA. La haute direction de Lowe’s a beau se plaindre des résultats supposément décevants de RONA, n’empêche que le titre de Lowe’s a augmenté de 80 % depuis l’achat de RONA en février 2016.
La capitalisation boursière de la société américaine a explosé de 40 milliards $ US.
Et la rationalisation...
Vu le « succès » boursier de son annonce visant la fermeture de 34 magasins, la rationalisation des opérations de Lowe’s Canada (RONA dans les faits) va sans doute se poursuivre jusqu’à ce que les bonzes de Lowe’s en Caroline du Nord obtiennent satisfaction.
Pour les boss américains, obtenir satisfaction... cela veut dire « COUPEZ » !
Si RONA était restée propriété québécoise, la rationalisation des opérations se ferait en tenant compte des conséquences sur les employés, les fournisseurs, les partenaires... et non des stricts intérêts financiers des actionnaires de Lowe’s.
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