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Dragan et les robots

Sur le plancher d’un long corridor, le petit appareil se déplace sans bruit. Quelques lumières clignotent. Tiens, tiens, un nouveau modèle de robot aspirateur!

Nous sommes à l’Institut national d’optique (INO).

Difficile de croire que l’on planche là-dessus dans ce centre de recherche de Québec spécialisé en optique-photonique.

Au-dessus de l’engin, Dragan Tubic. Son accent traduit ses origines. Il est né en ex-Yougoslavie. Il a fui son pays avec sa conjointe pour étudier à l’Université Laval.

Dragan Tubic est à la fois un scientifique, un chercheur et un entrepreneur.

Ses champs d’intérêt sont nombreux : le génie électrique, l’intelligence artificielle, la vision numérique et les technologies de mesure 3D.

À son palmarès, il y a la création de Creaform. Il a été le cofondateur de l’entreprise de Lévis qui fait travailler 500 personnes. Spécialisée dans les technologies de mesure 3D portables, Creaform a été achetée, en 2013, pour la somme de 120 millions $US par la multinationale Ametek.

Financement de 1,1 M$

Aujourd’hui, Dragan Tubic est à la tête d’UMANX, une société en démarrage.

Et non, il n’entend pas révolutionner le marché des aspirateurs, mais plutôt celui de la robotique mobile et intelligente. Roomba, Dyson et compagnie n’ont donc pas à s’inquiéter.

Sa trouvaille : un système d’alarme robotisé.

Son marché : 350 000 millions de résidences en Amérique du Nord et en Europe.

Ses alliés : Desjardins Capital, le Groupe Optel et Peter Morand. Ensemble, ils investissent 1,1 million $ pour permettre à UMANX de poursuivre le développement de son robot de surveillance résidentiel et d’embaucher des ressources pour épauler l’équipe en place qui compte près d’une dizaine d’ingénieurs et de scientifiques.

«Vous savez, nous avons quelque chose de vraiment extraordinaire entre les mains», ne peut s’empêcher de pousser Éric Bolduc, directeur des investissements chez Desjardins Capital en regardant le robot faire sa ronde d’inspection.

«Dans le secteur des technologies, la route n’est jamais facile pour les entrepreneurs. Seuls les plus persévérants réussissent à se rendre jusqu’au bout.»

Dragan Tubic planche sur sa découverte depuis déjà quelques années grâce, notamment, à une aide de 350 000 $ provenant du Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI) du Conseil national de recherches du Canada et à la collaboration de l’INO. Des chercheurs ont notamment développé un capteur 360 degrés qui, une fois intégré aux robots, leur permet de mieux percevoir et comprendre le milieu environnant dans lequel ils évoluent.

Rien n’échappe au robot

«Notre robot est conçu pour observer l’environnement, le comprendre et le modéliser, et ce, grâce à l’intelligence artificielle», résume Dragan Tubic.

Dans ses entrailles, le robot cache, entre autres, des capteurs et des caméras infrarouges.

Dans sa tournée d’inspection, l’appareil est en mesure de détecter les dégâts d’eau ou la surchauffe d’un fil électrique dans un mur.

Il identifie également les points chauds et les points froids dans la résidence et ajuste le thermostat en conséquence. Il peut même communiquer avec les policiers lors d’une violation de domicile et aviser les ambulanciers si l’un des membres de la famille s’évanouit et tombe au sol.

Dans les faits, le petit robot exerce les fonctions d’un agent de sécurité hautement vigilant.

«Nous croyons que l’être humain ne devrait jamais se soumettre à des tâches répétitives, pénibles et dangereuses», fait valoir UMANX sur son site Internet. «Nous croyons à un avenir où ces tâches seront déléguées à des machines.»

L’autonomie de fonctionnement du robot est de 24 heures.

«Même s’il ne se déplace pas 24 heures par jour, le robot demeure aux aguets. Lorsqu’il perçoit une baisse d’énergie, il se rend à sa borne sans fil pour recharger sa batterie», explique M. Tubic.

Capitale de la robotique

UMANX prévoit commencer à tester ses premiers robots au début de 2019 auprès d’une centaine de propriétaires et de policiers et de pompiers de la Ville de Québec dans le cadre d’un projet de vitrine technologique.

Le défi de Dragan Tubic et de sa bande d’ingénieurs est bien plus que technologique ou manufacturier.

«Notre défi, c’est le prix du robot. Notre marché, ce n’est pas celui des géants de l’immobilier, mais bien celui des propriétaires de maison», tient à rappeler l’entrepreneur. «Nos études de marché ont révélé un vif intérêt pour notre produit qui chambardera le domaine des systèmes d’alarme à la condition, évidemment, que les coûts soient raisonnables.»

Au plan technologique, le défi est de faire en sorte que le robot de surveillance résidentielle puisse reconnaître son environnement, le conserver en mémoire et le modéliser adéquatement afin de détecter le plus petit changement.

Dragan Tubic est membre fondateur de la Coalition FORCE 4.0, un regroupement composé de leaders du développement économique et de la recherche dont la mission est de soutenir l’innovation et de favoriser le développement technologique et numérique dans la capitale.

«Moi, je rêve du jour où la ville de Québec deviendra un centre de robotique de calibre mondial», conclut-il en estimant que plutôt que de subir l’invasion des robots, il serait beaucoup plus avantageux, dans la région, de se serrer les coudes pour en fabriquer avant les autres

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