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Les Bourses mondiales en proie au doute

C’est à n’y rien comprendre: l’économie se redresse, les entreprises sont en grande forme, les liquidités abondent… Pourtant, les marchés broient du noir. Les indices, qui avaient débuté l’année en fanfare sur leur lancée de 2017, ont été brutalement freinés fin janvier. Au premier trimestre, l’indice Dow Jones a finalement cédé 2,5 % et le Standard & Poor’s 500 1,2 %. Pour l’un et l’autre, c’est la pire performance trimestrielle depuis plus de deux ans.

Comme toujours, les autres grandes places boursières ont été emportées dans la tourmente venue de Wall Street. À Paris, l’indice CAC 40 a perdu 2,73 % sur les trois premiers mois de l’année. Les valeurs allemandes et britanniques ont encore plus souffert: à Francfort, le Dax a cédé 6,4 % depuis le début de l’année et à Londres, le Footsie perdu plus de 8 %.

Le premier avertissement est venu fin janvier des marchés obligataires américains. L’annonce d’une hausse des salaires supérieure aux attentes en janvier a fait ressurgir les craintes de retour de l’inflation. L’inquiétude s’est propagée comme une traînée de poudre à l’ensemble des Bourses mondiales et a provoqué une correction des indices de près de 10 %. Les marchés ont vite repris leurs esprits. Mais ils ont ensuite rechuté avec l’adoption des mesures protectionnistes de Donald Trump.

Christophe Donay, directeur de l’allocation d’actifs et de la recherche économique chez Pictet WM, estime que les marchés sont confrontés à une modification profonde de leur environnement. «Au cours des dix dernières années, les Bourses mondiales étaient portées par une baisse continue des taux d’intérêt et des politiques monétaires très accommodantes visant à relancer l’activité économique, rappelle-t-il. Aujourd’hui, la croissance est vigoureuse et l’inflation repart. Les banques centrales changent leur fusil d’épaule et les taux remontent. Un changement radical pour les marchés qui doivent s’adapter.»

Les gérants recommandent de diversifier les risques

L’inquiétude se cristallise aussi autour des valeurs technologiques, les fameux Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) qui avaient conduit la formidable hausse des indices ces dernières années. «Le marché était allé trop vite, trop haut et les investisseurs guettaient le moindre prétexte pour empocher leurs bénéfices», explique Catherine Garrigues, responsable de la gestion actions chez Allianz Global Investors.

Elle constate cependant qu’en dépit de sa formidable hausse, le secteur des technologies ne se paye pas plus cher que le reste du marché. «L’évolution des cours de Bourse des Gafa a accompagné le développement de ces entreprises. La situation actuelle n’a rien à voir avec les excès de la bulle du début des 2000. La croissance de ces entreprises est aujourd’hui bien réelle et les bénéfices suivent.» Les interrogations du moment sont désormais plus liées «à la protection des données et à la cyber-sécurité et à la taille devenue trop importante de ces entreprises», ajoute-t-elle.

La santé des entreprises est, dans l’ensemble, jugée très satisfaisante. Les analystes prévoient une hausse de 18 % des bénéfices des sociétés américaines du S&P 500 au premier trimestre et une progression de l’ordre de 15 % en Europe.

La réforme fiscale adoptée en décembre aux États-Unis est un formidable accélérateur pour les profits des sociétés américaines. L’effet devrait être d’autant plus sensible sur les marchés que les valorisations sont devenues plus raisonnables, avec la récente baisse des cours. L’indice Standard & Poor’s 500 se paye actuellement un peu plus de 16 fois les bénéfices attendus, contre environ 19 fois en début d’année, selon Thomson Reuters. En Europe, les valorisations étaient restées plus raisonnables.

Pour bon nombre d’analystes, si la saison des résultats du premier trimestre tient ses promesses, les cours devraient pouvoir repartir de l’avant.

«Toute la question est de savoir si le marché peut compter sur la poursuite d’une croissance économique synchronisée à toutes les régions du monde, synonyme de visibilité et de progression des bénéfices. Si c’est le cas, les actions n’ont pas fini de nous surprendre agréablement», explique Christophe Donay.

Les gérants de fonds préconisent malgré tout de renforcer la diversification des portefeuilles, autour des obligations d’entreprises et des emprunts émis par les pays européens de l’Est et du Sud dont la situation financière s’améliore.

Comment se prémunir contre de nouveaux chocs? Pour Jeffrey Taylor, responsable des actions européennes chez Invesco Perpetual, il faut miser en priorité sur des valeurs auparavant délaissées, comme les financières, «qui devraient profiter de la hausse des taux», les spécialistes de l’énergie ou les opérateurs télécoms, «qui devraient être portés par la reprise de la demande intérieure en Europe». Ces arbitrages pourraient favoriser une rotation des portefeuilles, en faveur des valeurs cycliques et au détriment des belles valeurs de croissance.

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