
Le leader mondial du streaming musical à la demande a fait ses premiers pas à Wall Street lundi avec un mode de cotation directe, sans filet. Une opération qui valorise l'entreprise à 21,5 milliards d'euros, en dépit de pertes qui devraient se prolonger ces deux prochaines années.
Mission réussie pour Spotify, le leader mondial de la musique à la demande. Alors que les valeurs technologiques traversent une passe difficile à Wall Street, alimentée notamment par le questionnement des investisseurs sur les modèles économiques liés à l’exploitation publicitaire des données personnelles dans la foulée du scandale Facebook-Cambridge Analytica, la plateforme suédoise a passé avec succès l’examen de son introduction en Bourse.
Lundi, pour son premier jour de cotation sur le New York Stock Exchange, le service musical a terminé la séance avec une valorisation de 26,5 milliards de dollars. Ouvert à 165,90 dollars l’action, le cours a terminé la séance à 149,01 dollars, nettement au-dessus du «prix de référence» indicatif établi la veille sur la base d’une moyenne des échanges de parts de gré à gré qui avaient précédé cette arrivée en bourse annoncée il y a plusieurs mois. «C’est incontestablement un succès pour le moment», a commenté l’analyste Tom Cahill de Ventura Wealth Management.
Cotation directe
Contrairement au processus habituel, aucune fourchette de prix d’introduction n’avait été établie en amont de l’entrée en bourse de la valeur cotée sous le symbole «SPOT». Spotify a eu recours à la procédure rare de cotation directe, moins coûteuse car sans passer par une banque d’affaires intermédiaire chargée de placer préalablement les titres auprès d’investisseurs, Une technique qui peut se révéler plus imprévisible puisqu’aucun prix n’est fixé à l’avance. Elle permet en outre à la société, qui revendique 71 millions d’abonnés payants et 159 millions d’utilisateurs actifs fin 2017 – soit le double de son concurrent le plus proche, Apple –, de ne pas lever de nouveaux capitaux.
«Visiblement, il y a bien plus d’acheteurs que de vendeurs de titres Spotify», a noté Tom Cahill, le prix étant déterminé par une comparaison entre l’offre et la demande de titres. Malgré l’explosion des usages liés au streaming pour la consommation de musique et d’œuvres audiovisuelles, Spotify n’a pas engrangé à ce jour le moindre bénéfice et pourrait faire patienter encore quelque temps les marchés avant d’annoncer un résultat positif.
Plus d’abonnés payants
La société, dont la principale dépense concerne la rétribution des ayants droit pour les morceaux écoutés gratuitement ou dans le cadre d’une offre payante, table sur un chiffre d’affaires en hausse de 20 à 30% en 2018 et des pertes annuelles réduites entre 230 et 330 millions, d’euros contre 378 millions en 2017. Mais plus Spotify grossit et fait croître le nombre de ses abonnés payants, bien plus rémunérateurs pour la société, plus les conditions de négociations avec les maisons de disques deviennent avantageuses. La société qui espère terminer l’année à 92 millions d’abonnés payants a ainsi convaincu les investisseurs au vu de l’évolution de sa marge sur ses abonnés payants. De 14% en 2016, elle est passée à 21% l’an dernier et Spotify parie à terme sur une marge autour de 35%, identique à celle d’un Netflix dans le streaming vidéo.
Pour le patron et fondateur de Spotify, Daniel Ek, qui a créé la société en 2006 à Stockholm, l’important était que cette cotation «ne devienne pas le jour le plus important pour Spotify» comme il l’a écrit dans un message adressé aux employés. L’opération a d’ailleurs eu lieu dans une certaine discrétion, sans la présence de Daniel Ek venu sonner la cloche de Wall Street, comme le veut la tradition. Un drapeau avait quand même été hissé sur la façade du temple de la finance américaine mais il s’agissait du drapeau suisse, et non de la bannière suédoise, en raison d’une erreur des employés du New York Stock Exchange.
Les «licornes» dans les starting blocks
En entrant à Wall Street, Spotify rejoint d’autres «licornes» – ces sociétés technologiques non cotées valorisées au-delà du milliard de dollars – ayant opté pour la bourse ces derniers mois. C’est le cas de Snap, maison mère de Snapchat, qui a accumulé plus de 3,4 milliards de dollars de pertes en 2017 et n’a jamais non plus été rentable depuis sa création en 2011 ou encore de la plateforme de stockage en ligne Dropbox. Cette dernière a limité ses pertes l’an dernier à 112 millions de dollars, sans avoir non plus dégagé le moindre bénéfice depuis sa création en 2007.
Introduite quelques jours avant Spotify sur le Nasdaq, cette licorne portée par la vague du «cloud computing» (stockage à distance) revendique 500 millions d’utilisateurs dont seulement 11 paient pour ses services. Lors de son premier jour de cotation, l’action avait flambé de 36%. Quant à Twitter, il aura fallu attendre cinq années après son introduction tonitruante à la Bourse de New York pour qu’elle dégage son premier bénéfice trimestriel. Introduite autour de 40 dollars l’action fin 2013, elle en vaut aujourd’hui 27,5. D’autres introductions devraient suivre dans les prochains mois dont celles, attendues, de Uber et de la plateforme de location immobilière AirBnB.
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