Boissons, friandises, gâteaux, huiles, capsules, crèmes pour la peau : Ottawa entend autoriser dès l'automne une vaste gamme de produits dérivés contenant du cannabis. Dans la proposition de cadre réglementaire dévoilée aujourd'hui, le gouvernement Trudeau prévoit aussi une panoplie de restrictions pour réduire l'attrait auprès des jeunes.
Un texte de Louis Blouin, correspondant parlementaire à Ottawa
C'est une véritable mine d'or qui est sur le point de voir le jour pour les producteurs et les transformateurs autorisés de cannabis. Les Canadiens qui veulent consommer du cannabis sans le fumer auront plusieurs options à leur disposition : le manger, le boire ou l'appliquer sur leur corps.
Les règles proposées par Ottawa sont soumises à une période de consultation de 60 jours et devraient s'appliquer à compter de l'automne, à temps pour l'échéance prévue d'octobre 2019.
Le gouvernement libéral avait promis de légaliser en deux temps : le cannabis séché d'abord et les produits dérivés dans l'année suivante.
Pour les produits comestibles, Ottawa ouvre grand la porte. Bonbons, friandises et gâteaux au pot pourront être vendus légalement, à condition qu'ils ne soient pas attrayants pour les enfants, dans le contenu, la présentation et l'apparence.
Les possibilités sont presque infinies.
L'utilisation de caféine naturelle serait autorisée, ce qui permettrait de produire du chocolat, du thé ou du café contenant du cannabis, par exemple. Cependant, la quantité totale de caféine ne pourrait pas dépasser 30 milligrammes par emballage.
Tous les produits du cannabis comestibles devraient être stables, c'est-à-dire qu’ils ne doivent pas être réfrigérés ou congelés.
Les aliments et les additifs alimentaires qui les composeront ne pourront pas être enrichis de vitamines, de minéraux, de substances toxiques ou délétères. L'utilisation de viande, de volaille ou de poisson serait interdite, à moins que ces aliments soient séchés. L'alcool ne pourrait pas être combiné à ces produits.
Ils seraient vendus par les détaillants autorisés par les provinces.
Les restaurants ne seraient pas autorisés à servir des repas contenant du cannabis.
Haschich, vapotage et produits de beauté
L'éventail ne s'arrête pas là. Les libéraux veulent ouvrir la porte aux produits de beauté et cosmétiques prévus pour un usage externe, par exemple. Des substances qui pourraient être utilisées sur la peau, les ongles ou les cheveux.
D'autres produits contenant des extraits de cannabis comme des huiles ou des capsules feraient aussi leur apparition sur les tablettes, destinées à être ingérés ou pour une utilisation nasale, rectale ou vaginale. Des bouteilles de vaporisation pourraient notamment être utilisées.
De l'huile de cannabis destinée au vapotage serait aussi vendue, mais les arômes attrayants pour les enfants interdits.
Le gouvernement veut aussi autoriser la vente de concentrés de cannabis comme le haschich.
Multiples restrictions
Le gouvernement fédéral veut montrer qu'il prend au sérieux son mandat d'interdire aux jeunes l'accès à ces produits.
En ce qui a trait au cannabis comestible, Ottawa rappelle ainsi que sa proposition comprend des mesures pour « limiter l’utilisation d‘ingrédients susceptibles d’augmenter l’attrait des produits comestibles du cannabis pour les jeunes, d’accroître le risque de maladie d’origine alimentaire et de consommation accidentelle et d’inciter à la surconsommation ».
Une licence fédérale de transformation (de type standard ou micro) sera nécessaire pour fabriquer tous ces produits dérivés.
Dans son processus de consultation, Santé Canada promet de consulter les provinces et les peuples autochtones pour s'assurer que « leurs perspectives et leurs commentaires soient pris en compte ».
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