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Les futurs trains d'exo pointés du doigt - TVA Nouvelles

Québec a commandé des trains à une entreprise chinoise qui s’approvisionne dans des mines artisanales de Madagascar, où le travail d’enfants, certains âgés d’à peine cinq ans, est monnaie courante. 

Le mois dernier, deux organisations non gouvernementales néerlandaises, Terre des hommes et le Centre de recherche sur les entreprises multinationales, ont publié un rapport accablant sur l’extraction du mica par des enfants à Madagascar, une île de l’océan Indien. 

Faisant partie des pays les plus pauvres du monde, Madagascar est devenu en 2016 le plus important exportateur mondial de papier mica, devançant l’Inde, selon des données des Nations unies citées par NBC News. 

Le mica est un ensemble de minéraux utilisé depuis longtemps dans le secteur des cosmétiques comme agent scintillant. Mais il est aussi indispensable aux industries de l’électronique et des transports pour ses propriétés d’isolant électrique et de résistance à la chaleur. 

L’enquête des organisations néerlandaises, qui a duré plusieurs mois, a démontré que le constructeur de trains chinois CRRC, le plus important du monde, achète du mica extrait à Madagascar. Du mica, fort possiblement extrait par des enfants, qui donc pourrait se retrouver dans des trains qui rouleront bientôt au Québec. 

Aux États-Unis, où CRRC a décroché plusieurs contrats majeurs ces dernières années, les sociétés de transport de Los Angeles, Chicago et Philadelphie ont demandé des comptes à l’entreprise, qui appartient au gouvernement communiste chinois. 

« Nous devons enquêter auprès de nos fournisseurs », a déclaré Jia Bo, un dirigeant de CRRC, à NBC. Il a assuré au réseau américain ne pas être au courant que du mica utilisé dans la production des trains de l’entreprise était extrait par des enfants. 

Concept préliminaire des voitures que CRRC construira pour Exo.

Capture écran, CRRC

Concept préliminaire des voitures que CRRC construira pour Exo.

La défunte Agence métropolitaine de transport (AMT) a commandé 24 voitures de train à CRRC en 2017. Elles sont destinées au réseau de trains de banlieue de Montréal. Les 69 millions $ demandés par CRRC étaient largement en deçà des 103 M$ prévus par l’AMT, ce qui avait eu pour effet de mettre de côté le seul autre candidat à l’appel d’offres : Bombardier. 

Plus tôt cette année, le gouvernement de François Legault a donné son aval à une nouvelle commande de 20 voitures auprès de CRRC, ce qui a porté la valeur totale du contrat à près de 135 millions $. 

Interrogé par Le Journal, l’organisme exo, qui a pris le relais de l’AMT, a simplement répondu que « CRRC et ses sous-traitants sont tenus de respecter toutes les dispositions des conventions de l’Organisation internationale du Travail sur le travail des enfants, le travail forcé, la discrimination ainsi que la santé et la sécurité. » 

Lorsque Le Journal est revenu à la charge pour savoir ce qu’exo faisait concrètement pour s’assurer qu’il n’y ait pas de mica malgache dans ses futurs trains, la porte-parole, Catherine Maurice, a soutenu que l’organisme prenait « les mesures appropriées auprès de [son] fournisseur pour obtenir de l’information additionnelle. » 

Dans un troisième courriel, exo a finalement indiqué avoir « des représentants en Chine qui assurent le respect des exigences prévues au contrat et le suivi des travaux. » Ces représentants ne sont pas des salariés d’exo, mais d’une « firme spécialisée » dans ce domaine, a-t-on précisé au Journal

En Californie, la Los Angeles County Metropolitan Transportation Authority (LACMTA) s’est montrée proactive et effectue actuellement des vérifications sur la chaîne d’approvisionnement de CRRC. 

« Nous allons faire tout ce qui est possible pour nous assurer qu’aucun enfant ne soit exploité ou mis en danger par un contrat de notre agence », a affirmé à NBC News un porte-parole de la LACMTA, Dave Sotero. 

Fait intéressant, le Québec compte une usine de mica sur son territoire. Elle est située au nord de La Tuque, en Mauricie, et appartient au géant français Imerys, dont le conglomérat montréalais Power Corporation est un important actionnaire. 

« Il est de la responsabilité du fournisseur de choisir auprès de quelles entreprises il s’approvisionne en pièces et composantes », a répondu Mme Maurice au Journal quand on lui a demandé si exo pouvait inciter CRRC à opter pour du mica québécois. 

« CRRC est fière d’appuyer des pratiques d’approvisionnement responsables, et nous exhortons nos fournisseurs à effectuer des vérifications diligentes », a commenté une porte-parole de l’entreprise, Lydia Rivera. 

De son côté, Bombardier Transport dit avoir envoyé une lettre à ses fournisseurs pour leur demander « de confirmer à nouveau qu’ils n’utilisent aucune source de matière première associée au travail des enfants. » 

► Notons qu’exo attend la première voiture commandée à CRRC à l’automne 2020. C’est au moins 16 mois plus tard que ce qui était prévu en 2017.

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